Le « printemps arabe » — un mouvement de contestation des régimes en place — touche successivement la Tunisie (17 décembre 2010), l’Égypte (25 janvier 2011) et la Libye (Benghazi, 15 février 2011). Bachar el-Assad est président de la République arabe syrienne depuis le 17 juillet 2000. Son père, Hafez el-Assad, exerce les mêmes fonctions de 1971 à 2000. La Russie conserve en Syrie un point d’appui maritime acquis par l’Union soviétique au début des années 1970 — Tartous, à une trentaine de kilomètres au nord de la frontière libanaise.
2011
15 mars 2011. — Début du « printemps arabe » syrien ; les premières manifestations sont réprimées.
29 juillet 2011. — Création de l’Armée syrienne libre (ASL) par des soldats opposés au régime.
15 septembre 2011. — Création à Istanbul du Conseil national syrien (CNS) qui rassemble les opposants.
4 octobre 2011. — La Russie et la Chine oppose leur veto au vote d’une résolution du Conseil de sécurité condamnant la répression en Syrie.
2012
23 janvier 2012. — Formé à l’été 2011 par un émissaire syrien de l’État islamique en Irak (EII)[1], le Front al-Nosra annonce officiellement sa création.
23 février 2012. — Kofi Annan, ancien secrétaire général de l’ONU (1997-2006), est nommé envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU — et de la Ligue arabe — en Syrie.
16 mars 2012. — Plan de paix de Kofi Annan : mise en place d’un « processus politique inclusif dirigé par les Syriens », fin de la violence, garanties des libertés.
30 juin 2012. — Réunion à Genève du Groupe d’action pour la Syrie (membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, Ligue arabe, Turquie) ; le « communiqué de Genève » prévoit la mise en place d’un gouvernement de transition accepté par toutes les parties.
21 avril 2012. — Création de la Misnus[2] par la résolution 2043 du Conseil de sécurité de l’ONU.
2 août 2012. — Démission de Kofi Annan ; il est remplacé le 17 par le diplomate algérien Lakhdar Brahimi, deuxième envoyé spécial du secrétaire général.
19 août 2012. — Fin de la Misnus ; son mandat n’est pas renouvelé en raison de l’escalade de la violence.
20 août 2012. — « Ligne rouge » du président Obama : l’emploi d’armes chimiques par le régime justifierait l’intervention des États-Unis.
2013
2-6 mars 2013. — Prise de Raqqa par différents groupes de la rébellion syrienne, y compris le Front al-Nosra ; c’est la première capitale de gouvernorat à passer sous le contrôle de la rébellion.
9 avril 2013. — L’organisation EII prend le nom d’État islamique en Irak et au Levant (EIIL, Daech) et désigne le Front al-Nosra comme sa branche syrienne.
10 avril 2013. — Le chef du Front al-Nosra refuse la fusion et prête allégeance à al-Qaida ; son groupe devient alors la filiale officielle d’al-Qaida en Syrie.
21 août 2013. — Massacre de la Ghouta : une attaque chimique de l’armée syrienne fait plusieurs centaines de morts dans la banlieue de Damas.
31 août 2013. — Le président Obama renonce à des frappes immédiates en Syrie en soumettant l’intervention à un vote favorable du Congrès.
9 septembre 2013. — La Russie demande à la Syrie de souscrire à la convention sur l’interdiction des armes chimiques (1992), de placer ses stocks sous contrôle international et de les détruire.
14 septembre 2013. — Adhésion de la Syrie à la convention sur l’interdiction des armes chimiques de 1992.
27 septembre 2013. — Adoption à l’unanimité de la résolution 2118 du Conseil de sécurité de l’ONU (interdiction et destruction des armes chimiques).
2014
6-13 janvier 2014. — Daech prend le contrôle de Raqqa et en fait sa capitale syrienne.
22 janvier 2014. — Deuxième conférence de Genève, en présence des parties syriennes ; elle se sépare le 15 février, sans être parvenue à aucun accord.
13 mai 2014. — Démission de Lakhdar Brahimi ; il est remplacé le 10 juillet par le diplomate italien Staffan de Mistura, troisième envoyé spécial du secrétaire général.
13 septembre 2014. — Début de la bataille de Kobané, ville-frontière jumelle de Suruç (Turquie) ; les YPG[3], milice du PYD[4], parti des Kurdes de Syrie, parviennent à repousser l’offensive de Daech.
29 juin 2014. — Après la prise de Mossoul (Irak, 10 juin 2014), l’EIIL prend le nom d’État islamique (EI) et rétablit le califat. À différence d’al-Qaida, Daech dispose de son propre territoire.
19 août 2014. — Assassinat par Daech du journaliste américain James Foley.
15 septembre 2014. — Formation d’une coalition internationale contre Daech en Irak et en Syrie.
23 septembre 2014. — Début des bombardements américains en Syrie.
2015
20 juillet 2015. — Attentat de Suruç (Turquie) ; perpétré par Daech, il vise les Kurdes.
24 juillet 2015. — Premiers bombardements turcs.
30 septembre 2015. — Premiers bombardements russes.
30 octobre-14 novembre 2015. — Réunion à Vienne du GISS[5], sous la coprésidence des États-Unis et de la Russie ; la « déclaration de Vienne » reprend les termes du « communiqué de Genève » (30 juin 2012).
18 décembre 2015. — Résolution 2254 du Conseil de sécurité ; elle exige le cessez-le-feu et l’ouverture de pourparlers afin de parvenir à une solution politique.
2016
29 janvier 2016. — Ouverture de nouvelles négociations à Genève ; elles sont suspendues le 3 février.
22 février 2016. — Présentation par les États-Unis et la Russie d’un plan de cessez-le-feu, excepté les combats contre Daech ; entrée en vigueur après accord des parties le 27 février.
14 mars 2016. — Reprise des négociations de Genève ; nouvel échec.
27 mars 2016. — Reprise de Palmyre par l’armée syrienne avec l’aide de la Russie.
10 avril 2016. — Reprise des bombardements du gouvernement syrien contre Alep ; rupture de la trêve.
21 juillet 2016. — Début du siège d’Alep.
28 juillet 2016. — Le Front al-Nosra rompt ses liens avec al-Qaida et prend le nom de Fatah al-Cham.
24 août 2016. — Offensive terrestre de la Turquie dans le nord de la Syrie ; elle vise à la fois Daech et les Forces démocratiques syriennes (FDS) formées en majorité de combattants kurdes (YPG).
10 septembre 2016. — Nouvel accord de cessez-le-feu entre le gouvernement et une partie de l’opposition ; entrée en vigueur le 12.
19 septembre 2016. — Suspension unilatérale de la trêve par le gouvernement ; reprise des bombardements contre Alep.
22 décembre 2016. — Reprise d’Alep par le gouvernement syrien ; c’est un tournant de la guerre : reconquête du territoire syrien avec l’aide de la Russie.
29 décembre 2016. — Annonce par la Russie d’un accord de cessez-le-feu avec la Turquie et les forces qu’elle soutient en Syrie ; entrée en vigueur immédiate.
2017
23-24 janvier 2017. — Conférence d’Astana (Kazakhstan) ; organisée par la Russie, la Turquie et l’Iran, elle réunit des représentants du gouvernement syrien et de l’opposition modérée.
28 janvier 2017. — Création du groupe Hayat Tahrir al-Cham ; il réunit six groupes djihadistes syriens, y compris le Front Fatah al-Cham, ex-Front al-Nosra.
4 avril 2017. — Attaque chimique contre Khan Cheikhoun, une ville de la province d’Idlib contrôlée par la rébellion.
6 avril 2017. — Bombardement par les États-Unis d’une base militaire syrienne ; protestation de la Russie qui présente le bombardement comme une agression.
4 mai 2017. — Reprise des pourparlers de paix d’Astana ; accord russo-turco-iranien sur la création de zones de désescalade.
17 octobre 2017. — Libération de Raqqa par les FDS.
30 décembre 2017. — Création d’une Armée nationale syrienne (ANS) ; elle rassemble des groupes issus de l’Armée syrienne libre et favorables à la Turquie.
2018
20 janvier 2018. — Offensive de la Turquie et de l’ANS au nord-ouest de la Syrie ; prise d’Afrin auparavant contrôlée par les FDS le 18 mars.
17 septembre 2018. — Création par la Russie et la Turquie d’une zone démilitarisée dans la province d’Idlib restée sous le contrôle de l’opposition syrienne.
31 octobre 2018. — Nomination du diplomate norvégien Geir Pedersen comme envoyé spécial du secrétaire général en remplacement de Staffan de Mistura.
19 décembre 2018. — Le président Trump annonce le retrait des forces américaines de Syrie.
26 décembre 2018. — Visite éclair du président Trump sur une base aérienne en Irak, sa première visite à des troupes états-uniennes engagées dans une zone de conflit depuis le début de son mandat.
2019
23 mars 2019. — Reprise de Baghouz, dernier bastion de Daech en Syrie, par les FDS.
21 août 2019. — Reprise de Khan Cheikhoun (province d’Idlib) par l’armée syrienne.
6 octobre 2019. — Le président Trump annonce de nouveau le retrait des troupes américaines de Syrie.
9 octobre 2019. — Offensive turque contre les FDS au nord-est de la Syrie.
22 octobre 2019. — Conclusion d’un accord russo-turc de sécurisation de la frontière ; retrait des FDS.
27 octobre 2019. — Mort d’Abou Bakr al-Baghdadi à Baricha, province d’Idlib, près de la frontière turque, lors d’une opération militaire américaine.
2020
27 février 2020. — Morts de trente-trois soldats turcs lors d’une attaque syrienne dans la province d’Idlib.
1er mars 2020. — Offensive turque dans la province d’Idlib ; elle vise à s’opposer à la reconquête de la province par l’armée syrienne.
5 mars 2020. — Accord russo-turc de cessez-le-feu dans la province d’Idlib.
2021
26 mai 2021. — Réélection contestée de Bachar el-Assad à la présidence de la République avec 95,1 p. 100 des voix ; la dernière élection datait de 2014.
2022
20-30 janvier 2022. — Attaque de la prison d’Hassaké (nord-est de la Syrie) par Daech ; les FDS en reprennent le contrôle au bout de dix jours, mais des détenus parviennent à s’échapper ; c’est la plus importante attaque de Daech depuis la chute de Baghouz.
3 février 2022. — Mort d’Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi, successeur d’Abou Bakr al-Baghdadi, lors d’une opération militaire américaine, à Atmé, dans la province d’Idlib.
8 juillet 2022. — La Russie oppose son veto au vote d’une résolution du Conseil de sécurité sur l’acheminement d’une aide humanitaire vers l’enclave rebelle d’Idlib par le poste-frontière de Bab al-Hawa ; adopté en 2014, le dispositif devait être reconduit pour un an ; la Russie voulait réduire la prolongation à six mois ; c’est 17e veto russe dans la crise syrienne depuis 2011[6].
[1] Lors de la guerre d’Irak, le chef djihadiste Abou Moussab al-Zarqaoui prête allégeance à al-Qaida (17 octobre 2004). Son groupe devient alors al-Qaida en Irak. Après la mort d’al-Zarqaoui (7 juin 2006), avec cinq autres groupes djihadistes, al-Qaida en Irak proclame l’État islamique en Irak (15 octobre 2006).
[2] Mission de supervision des Nations Unies en Syrie.
[3] Unités de protection du peuple.
[4] Parti de l’union démocratique.
[5] Groupe international de soutien à la Syrie.
[6] La Russie obtient le 12 juillet le vote d’une résolution qui reconduit le dispositif pour six mois. Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France s’abstiennent.