Un projet du président américain Theodore Roosevelt : la conférence mondiale de La Haye pour la conservation des ressources naturelles (1909)

Le 20 octobre 1909, Raoul de Clermont présente un rapport devant le premier congrès international pour la protection des paysages réuni à Paris (17-20 octobre 1909). Il approuve la proposition formulée par le président américain Roosevelt sur la réunion à La Haye d’une conférence mondiale pour la conservation des ressources naturelles (6 janvier 1909), mais émet le vœu d’étendre les discussions à tous les monuments, naturels ou culturels. Le départ du président Roosevelt (4 mars 1909) compromet la mise en œuvre du projet, mais un congrès pour la protection mondiale de la nature se réunit à Berne, du 17 au 19 novembre 1913, en présence de dix-sept États, dont les États-Unis et l’Argentine. Après la Première Guerre mondiale, deux congrès pour la protection de la nature se tiennent à Paris, le premier du 31 mai au 2 juin 1923, le second du 30 juin au 4 juillet 1931.


La parole est donnée à M. Raoul de Clermont, pour l’exposé de son rapport sur la conférence mondiale de La Haye pour la protection des richesses naturelles.

M. le président Roosevelt, dans son message au Congrès, s’exprime ainsi : « La nation doit comprendre, dit-il, que tout en disposant de ressources naturelles immenses, le danger de leur épuisement existe, en raison du développement croissant de tous les États de l’Union.

« Il faut en finir avec ces abus redoutables ; les richesses naturelles ne doivent pas être livrées à l’exploitation privée sans le contrôle de l’État. »

M. le président Roosevelt mit en action ses paroles et invita, le 6 janvier 1909, pour le mois de septembre de la même année, à une conférence mondiale à La Haye, les quarante-cinq nations représentées à la conférence de la Paix.

Cette conférence avait pour but de trouver les meilleurs moyens de protéger les sources mondiales d’énergie naturelle, les forêts, les mines, les lacs et les fleuves, et de faire un inventaire de toutes les ressources naturelles indispensables à la vie économique de chaque pays.

Elle devait rechercher une solution théorique et pratique au difficile problème de l’économie nationale et internationale pour préciser dans chaque pays ce qui devait être fait et pratiquement exigé pour la conservation des richesses naturelles.

Les travaux de cette conférence devaient aboutir à un plan de préservation méthodique des richesses économiques de chaque pays.

Le 20 février 1909, des pourparlers ont été entamés entre le gouvernement américain et le gouvernement hollandais. Celui-ci ayant accepté la réunion à La Haye, des négociations ont été faites en vue de l’adhésion des 45 États invités.

La plupart approuvèrent l’idée et décidèrent que chaque Nation se ferait représenter à La Haye par un nombre de trois à cinq délégués.

La Société pour la protection des paysages de France chargea sa sous-commission législative d’étudier la question. Celle-ci, amplifiant le programme que proposait M. Roosevelt, adopta pour ses travaux celui du Heimatschutz.

Je vous proposerai donc, comme conclusion, de voter la résolution suivante :

« Que la conférence internationale de quarante-cinq États à La Haye, projetée par M. le président Roosevelt, ne se borne pas seulement à la préservation des chutes d’eau, mais qu’il soit tenu compte de toutes les questions pouvant intéresser le programme du Heimatschutz. »

Le vœu est adopté.

Le premier congrès international pour la protection des paysages (Paris, 17-20 octobre 1900), compte rendu revu et annoté par Raoul de Clermont, Fernand Cros-Mayrevieille et Louis de Nussac, Société pour la protection des paysages de France, Paris, 1910, pp. 71-72.


Le même compte rendu apporte les précisions suivantes sur la société allemande Heimatschütz.

La société allemande Heimatschütz, fondée par M. Ernest Rudorff, a son siège social à Meinigen (Saxe). Elle a pour but de s’occuper :

1o De la conservation des monuments en général ;

2o De tout ce qui a trait au paysage rustique et urbain au point de vue de la construction et de son entretien ;

3o De la protection des paysages, y compris les ruines ;

4o Des moyens de sauver de la destruction les animaux et les plantes particulières au pays, ainsi que les particularités géologiques ;

5o De l’art populaire ;

6o Des usages, des fêtes et des costumes.

Le premier congrès international pour la protection des paysages (Paris, 17-20 octobre 1900), compte rendu revu et annoté par Raoul de Clermont, Fernand Cros-Mayrevieille et Louis de Nussac, Société pour la protection des paysages de France, Paris, 1910, p. 11, n. 2.

Gallica-BNF