La construction de la nouvelle flèche de Notre-Dame commence en 1858 et se termine en 1861 selon la presse parisienne : démolition d’une partie de la toiture à l’été 1858, pose des dernières statues des apôtres et des symboles des évangélistes en 1861. Dans la description qu’il donne de la flèche dans la Gazette des beaux-arts du 1er avril 1860, Viollet-le-Duc apporte lui-même des indications chronologiques. L’inauguration reste en revanche incertaine. Dans son édition du 19 avril 1860, La Presse écrit : « La nouvelle flèche de Notre-Dame, mise à l’abri de la foudre et de l’incendie, sera inaugurée le 15 août [1860]. » Dans un guide publié à l’occasion de l’Exposition universelle de 1867, Edmond Renaudin donne en revanche la date du 15 août 1859.
— Les ouvriers sont en train de démolir la toiture de Notre-Dame-de-Paris, au point central du transept ; il s’agit d’y élever une flèche. Elle sera de style gothique fleuri, octogone. Son diamètre, à sa base et sur la toiture, sera de 7 mètres 50 centimètres ; sa hauteur sera de 48 mètres.
Les statues des douze apôtres et les quatre animaux évangéliques décoreront la base de cette flèche, qui donnera un aspect tout nouveau à la célèbre cathédrale. La flèche sera en charpente revêtue de plomb.
Les restaurations du chœur, des deux portails du Nord et du Midi, sont poursuivies avec une grande activité.
M. Viollet-le-Duc espère qu’il rendra à S. Em. Mgr l’archevêque cardinal le chœur et le transept de sa cathédrale entièrement restaurés dans dix-huit mois ou deux ans au plus tard.
Le Constitutionnel, 29 juillet 1858.
— On commence à amener dans le chantier de l’église Notre-Dame les pièces de charpente qui vont entrer dans la construction de la flèche de 46 mètres de hauteur qui va s’élever sur le point central du transept. L’échafaudage, destiné à faciliter cette construction est entièrement terminé.
La Presse, 20 octobre 1858.
— Une cérémonie intéressante a eu lieu avant-hier, à trois heures et demie, à l’église Notre-Dame. M. le cardinal archevêque de Paris a procédé solennellement à la bénédiction de la croix en fer qui doit surmonter la flèche en bois de l’édifice. Là cérémonie s’est accomplie dans la nef de l’église, en présence de tout le Clergé de la cathédrale.
La croix, qui pèse 900 kilogrammes avec son armature, avait été apportée par dix-huit ouvriers. Aussitôt après, on s’est occupé des préparatifs du levage, sous la direction de M. Viollet-le-Duc, architecte de l’édifice ; cette énorme croix sera mise en place dans le courant de la semaine prochaine. Des reliques avec un procès-verbal de la cérémonie ont été placées dans l’intérieur du coq doré qui termine la tige sous le paratonnerre.
La Presse, 12 juin 1859.
— Voici la traduction littérale du procès-verbal qui a été introduit dans le corps du coq placé au sommet de la nouvelle flèche de Notre-Dame de Paris :
« Dans cette boîte fermée par des rubans de soie rouge et scellée de notre sceau, soient renfermées les reliques de la vraie croix et de la sainte couronne d’épines de N. S. Jésus-Christ, de Saint Denis, premier évêque de Paris et martyr, et de sainte Geneviève, vierge et patronne de cette cité.
« Paris, en la vigile de la Pentecôte, après la bénédiction solennelle de la croix qui doit être placée au sommet de la flèche de notre église métropolitaine, le 11 juin 1859.
« † François-Nicolas, cardinal Morlot, archevêque de Paris. »
La Presse, 22 juin 1859.
— La croix latine en fer ouvragé, qui surmonte la nouvelle flèche de Notre-Dame, a été définitivement fixée hier à midi à sa destination. La foule, réunie sur les quais, regardait les ouvriers chargés de ce dangereux travail, perchés au sommet d’un échafaudage des plus frêle, et frémissait de crainte qu’il arrivât quelque accident. Cette flèche a quarante-six mètres d’élévation au-dessus de la toiture de la grande basilique.
Le Siècle, 24 juin 1859.
— La flèche en charpente qu’on a restituée dans ces derniers temps à l’église cathédrale de Paris vient d’être débarrassée à son sommet de l’échafaudage qui avait servi à la monter et à exécuter les travaux ultérieurs, dont elle doit être l’objet. On sait, en effet, que la charpente en bois de chêne de Champagne imprimé au minium sera recouverte de plomb dans toute sa hauteur, et une notable partie de ce travail est terminée à l’heure qu’il est. On n’estime pas à moins de 200,980 kilogrammes le poids total du métal dont cette opération nécessitera l’emploi…
La Presse, 18 septembre 1859.
— Samedi, vers onze heures et demi, un incendie a éclaté au sommet de la cathédrale Notre-Dame. Le feu avait pris dans la charpente entourant la flèche actuellement en construction sur le dôme, à des madriers formant le plancher d’une baraque construite sur L’avant-dernière travée de l’échafaudage, et où les ouvriers sont dans l’habitude de déposer leurs effets.
Les sapeurs-pompiers du poste de la rue Chanoinesse sont accourus à la première alerte, et sont parvenus assez promptement à empêcher les flammes d’étendre leurs ravages. On ignore la cause de cet incendie, mais on l’attribue à l’imprudence de quelque fumeur.
La Presse, 28 novembre 1859.
— La nouvelle flèche de l’église Notre-Dame est entièrement débarrassée de l’échafaudage qui avait servi à la monter, et l’on peut aujourd’hui se rendre un compte exact de l’effet qu’elle produit dans l’ensemble de l’édifice. Exécutée sur un plan octogonal dont la base a sept mètres de largeur hors œuvre, cette flèche se compose d’un étage fermé dégageant le comble, de deux étages à jour portant plates-formes accessibles, et de la pyramide supérieure. Sa hauteur est de 45 mètres, depuis le faitage du comble jusqu’à la croix qui la surmonte. Elle est entièrement en bois de chêne de Champagne recouvert de plomb.
Des crochets, des chapiteaux, des gargouilles et des frises en rehaussent l’aspect. Quatre grandes contre-fiches, qui seront décorées d’arcatures rampantes, des statues des douze Apôtres et des quatre symboles des Évangélistes, étayent la flèche dans les quatre noues du comble.
La Presse, 24 janvier 1860.
— Voici quelques-détails touchant la belle flèche qu’on vient de construire au point central de la croix de l’église Notre-Dame.
Cette flèche pèse :
La charpente… 500,000 kilog
La couverture en plomb… 250,000 kilog.
Total… 250,000 kilog.
C’est à peu près le poids de l’obélisque de Luxor, sur la place de la Concorde.
Par un savant et curieux artifice de l’art du charpentier, ce poids énorme au lieu dé porter sur la voûte de la croisée de l’église, a été reporté sur lés contreforts d’angles, au nombre de 4.
Le bois de la charpente a été peint à l’aluminium avant de recevoir, sa chape de plomb.
Cette flèche va coûter 500,000 fr., soit 67 centimes le kilogramme des bois, fer et plomb. La hauteur, de la crête de la toiture de l’église jusqu’à la tête du coq, est de 44 mètres 50. Elle va recevoir trois petites cloches. La nouvelle flèche de Notre-Dame, mise à l’abri de la foudre et de l’incendie, sera inaugurée le 15 août.
La Presse, 19 avril 1860.
— Les travaux de l’église métropolitaine de Paris approchent de leur achèvement. De nouvelles statues viennent d’être ajoutées à celles qui forment la Galerie des rois, sur la façade occidentale de l’église, et il ne restera prochainement plus de lacune dans les vingt-huit niches dont cette galerie se compose.
Un immense échafaudage couvre en ce moment la façade méridionale du transept, sur laquelle va se poursuivre et se terminer l’œuvre de la restauration de Notre-Dame. La grande rose qui existe, de-ce côté, et qui a subi de graves détériorations, ne tardera pas à être démolie et reconstruite ; tous les matériaux qui doivent entrer dans la nouvelle rose étant prêts, l’opération marchera très rapidement.
Presque entièrement débarrassée d’échafaudages, la flèche centrale récemment réédifiée se montre avec ses crochets, ses chapiteaux,ses gargouilles et ses frises ; les plombiers mettent aujourd’hui la dernière main à sa base, en même temps qu’ils garnissent d’une crête dentelée le faîtage du comble de la nef. A l’intérieur de l’église, on pousse activement les travaux du chœur, et tout annonce qu’il pourra être rendu au culte dans le courant de cette année.
La Presse, 23 juillet 1860.
Les travaux de l’église métropolitaine de Paris approchent de leur achèvement. De nouvelles statues viennent dêtre ajoutées à celles qui forment la Galerie des rois, sur la façade occidentale de l’église, et il ne restera prochainement plus de lacune dans les vingt-huit niches dont cette galerie se compose. Un immense échafaudage couvre en ce moment la façade méridionale du transept, sur laquelle va se poursuivre et se terminer l’œuvre de la restauration de Notre-Dame. La grande rose qui existe de ce côté, et qui subi de graves détériorations, ne tardera pas à être démolie et reconstruite ; tous les matériaux qui doivent entrer dans la nouvelle rose étant prêts,
l’opération marchera très-rapidement. Presque entièrement débarrassée d’échafaudages, la flèche centrale récemment réédifiée se montre avec ses crochets, ses chapiteaux, ses gargouilles et ses frises ; les plombiers mettent aujourd’hui la dernière main à sa base, en même temps qu’ils garnissent d’une crête dentelée le faîtage du comble de la nef. À l’intérieur de l’église, on pousse activement les travaux du chœur, et tout annonce qu’il pourra être rendu au culte dans le courant de cette année.
Le Moniteur universel. Journal officiel de l’Empire français, 23 juillet 1860.
— On pose en ce moment de grandes statues d’apôtres sur les noues qui descendent de la flèche de Notre-Dame, entre les quatre bras du transept.
On travaille activement à la reconstruction de la crête du portail de midi.
Un poste de sapeurs-pompiers est en permanence sur la haute toiture de la cathédrale pour attaquer vigoureusement et à leur naissance les incendies qui viendraient à se déclarer dans cette forêt de charpente qui la supporte.
La Presse, 28 octobre 1860.
Le revêtement en plomb de la flèche de l’église Notre -Dame est aujourd’hui complètement terminé. On sait que cette flèche est établie entre [sic] bois de chêne, sur un plan octogonal dont la base a 7 mètres de largeur. Elle se compose d’un étage fermé dégageant le comble de deux étages à jour portant plate-forme accessible et de a [sic] pyramide supérieure. On n’estime pas à moins de 200 000 kilogrammes le poids do sa couverture métallique.
Quelques-unes des statues qui doivent décorer les grandes contre-fiches, dont elle est étayée dans les quatre noues du comble, sont mises en place, et les autres ne tarderont pas à suivre. L’activité imprimée aux autres travaux, tant intérieurs qu’extérieurs, de l’église métropolitaine permet d’assigner une date peu éloignée à leur complet achèvement.
Le Siècle, 7 mars 1861.
— On a enlevé, dans Notre-Dame, la palissade en planches qui, depuis dix-huit mois, séparait de la nef tout le bas-côté nord avec ses sept chapelles.
Le tout est entièrement restauré à fond et remis à neuf. Les belles pierres des autels sont même déjà assises sur leurs courts-piliers, gothiques.
Les trois portes du grand portail sont aujourd’hui décorées de trente-quatre statues d’anges et de saints.
Dix-huit des vingt-huit statues de rois des première et seconde races sont déjà placées dans les entre-colonnements de la galerie dite des Rois.
Le maître-autel du chœur est terminé ; on dresse les stalles des chanoines et la belle nouvelle grille de l’entrée du chœur.
Quant au monument de Mgr Affre, après avoir été modelé dans une des chapelles par son auteur, il a été transporté dans l’atelier du consciencieux artiste, qui est en train de l’exécuter en marbre.
Ou estime qu’il faudra dix-huit mois ou deux ans pour que la cathédrale soit rendue bien et complètement restaurée.
La Presse, 11 mars 1861.
Dans la description qu’il donne de la flèche dans la Gazette des beaux-arts du 1er avril 1860, Viollet-le-Duc apporte lui-même des indications chronologiques.
C’est le 14 février 1859 qu’a été montée la première pièce de bois de la nouvelle flèche ; la charpente était complètement posée en août ; les échafauds ont été enlevés dans le courant de décembre et de janvier. En ce moment, on s’occupe des raccordements avec les combles, et le travail de plomberie, arrêté à la hauteur de la seconde plate-forme, est repris ; il sera terminé pour le 15 août prochain. La flèche de Notre-Dame aura donc été montée et recouverte de plomb dans l’espace de dix-huit mois.
Eugène Viollet-le-Duc, « La flèche de Notre-Dame de Paris », Gazette des beaux-arts, tome VI, 31e livraison, 1er avril 1860, pp. 35-39.
Dans le guide qu’il publie à l’occasion de l’Exposition universelle de 1867, Edmond Renaudin reprend les mêmes informations, mais date l’inauguration de la flèche du 15 août 1859.
On a reconstruit récemment la flèche qu’on voyait autrefois au point central de la croix de l’édifice, « charmant petit clocher, dit Victor Hugo, qui s’enfonçait dans le ciel plus avant que les tours, élancé, aigu, sonore, découpé à jour; » il avait été démoli en 1787. La nouvelle flèche pèse : le bois de charpente, 500,000 kilogr.; la garniture en plomb, 250,000; total, 750,000 kilogr.; c’est à peu près le poids de l’obélisque de Luxor. Par un ingénieux artifice, ce poids énorme, au lieu de porter sur la voûte de la croisée de l’église, a été reporté sur les quatre contre-forts d’angles. Cette flèche a coûté 500,000 fr. La hauteur de la crête, de la toiture de l’église jusqu’à la tête du coq, est de 44m,50; l’ancienne flèche n’avait que 50 mètres d’élévation. Elle a trois petites cloches et a été inaugurée le 15 août 1859.
Paris-exposition ou Guide à Paris en 1867, Paris, Ch. Delagrave et Cie, libraires-éditeurs, 1867, p. 95.