Le firman sur l’enlèvement des marbres du Parthénon (6 juillet 1801)

Il vous est signifié par la présente que notre loyal ami, Son Excellence Lord Elgin, Ambassadeur extraordinaire de la Cour d’Angleterre près la Sublime Porte, nous a représenté que, de notoriété publique, la plupart des Cours franques ont le vif désir de lire et d’examiner les livres, peintures et autres ouvrages de science des anciens philosophes grecs ; qu’en particulier, les ministres, philosophes, prélats et autres personnalités d’Angleterre s’intéressent aux figures subsistant depuis l’époque desdits Grecs, que l’on peut voir sur les rives de la mer Égée et en d’autres régions ; qu’en conséquence, ils ont à plusieurs reprises chargé des envoyés de rechercher et d’étudier les édifices et les images antiques ; et que certains dilettanti de la Cour d’Angleterre sont désireux de voir, dans la ville d’Athènes, les édifices antiques et les images curieuses, ainsi que les vieux remparts, vestiges de l’époque des Grecs, qui subsistent encore à l’intérieur de ladite ville. Il a engagé à cette fin cinq peintres anglais, demeurant actuellement à Athènes, pour examiner, étudier et aussi copier les images qui s’y trouvent, ab antiquo ; et à présent, il a fait la demande expresse qu’il soit écrit et ordonné qu’aussi longtemps que lesdits peintres sont employés à son service ; entrent et sortent de la citadelle de ladite ville, qui est le lieu de leurs recherches ; fixent des échafaudages autour de l’ancien temple des Idoles qui s’y trouve ; modèlent en plâtre ou en gypse lesdits ornements et figures qui y sont visibles ; relèvent les mesures des vestiges d’autres édifices en ruine qui s’y trouvent ; fouillent les fondations lorsqu’ils le jugent nécessaire, dans le but de découvrir des inscriptions qui seraient ensevelies sous les décombres — leur travail ne soit pas interrompu et qu’aucun obstacle n’y soit mis, ni par le disdar, ni par aucune autre personne ; que personne ne touche à leurs échafaudages ou aux outils qui seraient nécessaires à leur travail ; et qu’on ne s’oppose aucunement à ce qu’ils emportent, s’ils le désirent, tout morceau de pierre, portant des inscriptions antiques ou des sculptures. Pour ces raisons, nous vous avons écrit cette lettre, et l’avons fait porter par N.N., afin que, une fois sa teneur comprise, c’est-à-dire, que c’est le désir et l’engagement explicites de notre Sublime Empereur, revêtu de tous les pouvoirs éminents, d’accéder aux requêtes telles que mentionnées ci-dessus, comme le réclament l’amitié, la loyauté, l’alliance et la bienveillance qui unissent de longue date la sublime et éternelle Cour ottomane et celle d’Angleterre et qui, dans chacune de ces cours, ne cessent manifestement de croître — en particulier parce qu’il n’est en rien dommageable que lesdits édifices et images soient ainsi visités, examinés et dessinés. En conséquence, après avoir rempli les devoirs de l’hospitalité et réservé un accueil convenable auxdits artistes, conformément à la requête instante que ledit Ambassadeur a présentée à cet effet, et parce qu’il nous incombe de veiller à ce qu’ils ne rencontrent aucune opposition dans leurs déplacements pour visiter et regarder les images et les édifices qu’ils désireraient dessiner ou copier, ni, quand ils travaillent, à dresser des échafaudages ou utiliser leurs divers instruments ; notre désir est qu’au reçu de cette lettre vous mettiez toute votre diligence à agir conformément aux instances dudit Ambassadeur, aussi longtemps que lesdits cinq artistes, demeurant dans la ville, seront employés à son service, pour entrer et sortir de la citadelle d’Athènes, qui est le lieu de leurs recherches, ou pour fixer des échafaudages autour de l’ancien temple des Idoles, ou pour modeler dans la chaux ou le gypse lesdits ornements et figures qui sont visibles, ou pour relever les mesures des débris et vestiges d’autres édifices en ruine, ou pour fouiller les fondations, lorsqu’ils le jugent nécessaire, à la recherche d’inscriptions ensevelies sous les décombres; et qu’ils ne soient molestés ni par ledit disdar, ni par aucune autre personne, ni par vous-même à qui cette lettre est adressée, et que personne ne touche à leurs échafaudages ou instruments ni ne les empêche d’emporter aucune pierre portant des inscriptions ou des figures. Veillez à vous conduire et à vous comporter de la manière susdite.
Scellé de mon sceau. Seged Abdullah Kaimmacam.