France métropolitaine

HGGSP

Épreuve écrite du baccalauréat

17-18 juin 2025

Les épreuves commencent à 8 h, heure des Antilles, en Guadeloupe, en Martinique, à Saint-Pierre-et-Miquelon et en Guyane, à 14 h, heure de Paris, en France métropolitaine, à Mayotte et à La Réunion, soit 16 h à La Réunion.

Premier sujet


Dissertation

— Les usages du patrimoine en France

— La puissance des États dans les espaces maritimes et extra-atmosphériques

Étude critique de documents

— Juger les génocides

25-HGGSPJ1ME1

Le deuxième document de l’étude critique de documents est une photo de la salle d’audience du procès Eichmann de Jérusalem (1961) ; elle apparaît une première fois dans le sujet d’Asie du premier jour (11 juin 2025).

Le procès Eichmann (Yad Vashem)

Éléments de corrigé


Second sujet


Dissertation

— Le changement climatique, un enjeu géopolitique

— Construire la paix depuis le XVIIe siècle

Étude critique de documents

— L’affirmation de la puissance chinoise

25-HGGSPJ2ME1

Éléments de corrigé


Éléments de corrigé

Dissertation

Le changement climatique, un enjeu géopolitique

Construire la paix depuis le XVIIe siècle

Étude critique de documents

L’affirmation de la puissance chinoise


Dissertation

Le changement climatique, un enjeu géopolitique

Le sujet porte sur le « changement climatique » comme « enjeu géopolitique ». Le climat, c’est l’état moyen de l’atmosphère au cours d’une période suffisamment longue, c’est l’ensemble des conditions météorologiques moyennes — température, précipitations, ensoleillement, vent, humidité, pression atmosphérique. Le terme de changement climatique, sans autre précision, désigne habituellement le réchauffement ou le dérèglement contemporains, un changement d’origine anthropique. Le terme d’enjeu est employé vingt-sept fois dans le programme d’enseignement de la classe de terminale… Un enjeu, c’est ce que l’on met en jeu dans un jeu, ce que l’on risque dans un jeu, tout ce qui fait l’objet d’un échange, d’un débat ou d’un conflit. La géopolitique, c’est l’étude des rapports de pouvoirs entre acteurs s’exerçant sur un territoire quelle que soit l’échelle. Ne pas confondre géopolitique et relations internationales. Ne pas réduire le sujet à la diplomatie climatique. On peut montrer que le changement climatique fait l’objet de discussions multilatérales à partir des années 1980 et qu’il est reconnu comme un problème d’échelle planétaire par l’Organisation des Nations unies : première session du Groupe intergouvernemental d’experts sur le changement climatique (9-11 novembre 1988), première résolution de l’Assemblée générale des Nations unies sur le changement climatique (6 décembre 1988), adoption de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (9 mai 1992), sommet de la Terre de Rio (3-14 juin). Il faudrait ensuite montrer que le changement climatique provoque ou aggrave des tensions ou des conflits de nature et d’échelle différentes : conflits entre puissances pour l’accès aux ressources ou pour le contrôle des routes maritimes, conflits entre États d’un même bassin hydrographique pour le partage de l’eau d’un fleuve, conflits entre éleveurs et agriculteurs dans la zone intertropicale, déplacements de population et conflits relatifs à l’accueil des réfugiés climatiques, etc. On pourrait montrer pour terminer que la lutte contre le changement climatique entraîne elle-même des tensions ou des conflits : multilatéralisme et souveraineté des États, opposition entre pays développés et pays en développement sur l’origine et les responsabilités du changement climatique, montée du climatoscepticisme, division des gouvernements, des sociétés et des forces politiques, opposition entre État central et collectivités infra-étatiques, multiplication des acteurs et judiciarisation des conflits.

Dissertation

Construire la paix depuis le XVIIe siècle

Le sujet se compose d’un verbe d’action à l’infinitif, d’un complément d’objet direct et d’un complément circonstanciel de temps. Il couvre une longue période — « depuis le XVIIe siècle » —, mais porte avant tout sur un problème : « Construire la paix ». Il faut se demander comment est construite la paix depuis le XVIIe siècle. Le plan le plus simple est diachronique, mais il ne faut pas céder à la tentation du récit. Il faut distinguer des systèmes, les situer dans le temps, les caractériser : acteurs, principes et pratiques. Il faut montrer qu’ils se heurtent à des obstacles ou présentent des lacunes. Il faut s’interroger sur leur succession. Destiné à régler la paix après la guerre de Trente Ans, le congrès de Westphalie (1643-1648) marquerait la naissance du système international moderne : un système interétatique réunissant des États titulaires de la souveraineté interne et externe. Fondé sur l’équilibre des puissances — la puissance des uns contrebalance celle des autres —, le système westphalien repose sur la diplomatie — ambassades, congrès et traités —, mais il n’interdit pas la guerre ; « continuation de la politique par d’autres moyens », celle-ci sert à rétablir l’équilibre quand il est menacé. La Première Guerre mondiale marque l’échec du système classique d’équilibre et son règlement ouvre une autre voie qui trouve son aboutissement après 1945 : Pacte de la Société des Nations (28 avril 1919), Charte des Nations unies (26 juin 1945), création d’un système de sécurité collective : indivisibilité de la paix, défense mutuelle, décision collective, universalité du système. La paix repose en outre sur la justice, non plus sur l’oubli et l’amnistie des crimes. Pour empêcher la guerre, la Charte des Nations unies recommande le « règlement pacifique des différends » (chapitre VI) et autorise l’emploi de la force « en cas de menace contre la paix… » (chapitre VII), mais réserve la décision à un organe restreint contrôlé par cinq grandes puissances, au risque de la paralysie (paix de directoire). Faute de pouvoir empêcher la guerre par les moyens prévus par la Charte, l’ONU recourt à des opérations de maintien de la paix, des missions d’observation ou des forces d’interposition déployées avec l’accord des parties (casques bleus). D’abord conçue comme un moyen de garantir la paix entre les États, fondée sur le principe de souveraineté étatique (chapitre I, article 2 § 7), l’ONU est confrontée à la multiplication des conflits armés internes. À partir des années 1990, elle intervient dans leur résolution au moyen d’opérations de maintien de la paix plus ambitieuses, de deuxième ou troisième génération, qui associent différents acteurs. Elle définit la responsabilité de protéger les populations des crimes de masse (2005) et récapitule sa doctrine de maintien de la paix. La construction de la paix devient alors plus complexe puisqu’il faut agir au sein même des sociétés, créer les conditions d’une paix positive, non plus seulement négative, selon les termes du triangle de Galtung.


Étude critique de document

L’affirmation de la puissance chinoise

Le premier document est un entretien de presse avec un amiral français alors chef d’état-major de la Marine, le second un dessin de presse paru dans un journal philippin. L’intitulé du sujet appelle une réflexion sur l’affirmation de la puissance chinoise. La consigne la restreint aux seuls « nouveaux espaces de conquête », c’est-à-dire ici à l’Océan et à l’espace extra-atmosphérique. Elle indique un plan : les moyens, les conséquences. On peut montrer pour commencer que l’affirmation de la puissance chinoise repose sur l’acquisition de capacités de projection navales, aériennes et spatiales. L’entretien rappelle dans sa quatrième question que la Chine dispose de porte-hélicoptères amphibies et de porte-avions. Le dessin évoque librement les capacités acquises en matière spatiale : lanceurs, vaisseaux et cargos, stations, orbiteurs et atterrisseurs lunaires. Il faut ensuite montrer que la Chine territorialise ses mers proches et qu’on lui prête les mêmes intentions dans l’espace. Le dessin représente la ligne des neuf traits, expression selon Pékin de ses droits maritimes historiques et l’entretien présente la sanctuarisation de la mer de Chine du Sud comme une atteinte au droit de la mer. Le dessin transpose la même ligne sur la Lune, attribuant à la Chine des buts de conquête dans l’espace. Il s’agirait également d’une violation du droit international puisque le traité de l’espace interdit toute appropriation. L’entretien indique en outre que la Chine exerce sa puissance hors de ses mers proches, à l’ouest du détroit de Malacca comme à l’est de la première chaîne d’îles, dans les océans Indien et Pacifique. On peut montrer pour terminer que l’affirmation de la puissance chinoise entraîne des risques de confrontation avec d’autres États, pays riverains des deux mers de Chine ou grandes puissances navales. L’entretien mentionne la question de Taïwan, province chinoise selon Pékin, conformément à la doctrine de la Chine unique. Le dessin exprime le sentiment des Philippins devant les prétentions chinoises en mer des Philippines occidentale, partie orientale de la mer de Chine du Sud selon Manille. L’amiral français, chef d’état-major de la Marine d’une puissance navale à vocation mondiale, déplore les atteintes à la liberté de navigation. Le dessinateur donne au véhicule spatial chinois l’apparence d’une navette américaine, rappelant ainsi que l’espace est un théâtre de la rivalité sino-américaine.


Annales du baccalauréat en HGGSP

Tableau récapitulatif des sujets