La Chine et le monde depuis le « mouvement du 4 mai 1919 »
Le film La Chinoise sort le 30 août 1967. Réalisé par Jean-Luc Godard, cinéaste de la Nouvelle Vague (À bout de souffle, 1960), et présenté à la Mostra de Venise (26 août-8 septembre), il évoque la vie d’un groupe de cinq jeunes gens, réunis dans un appartement parisien, à l’été 1967 : une étudiante en philosophie à la faculté des lettres de Nanterre — Anne Wiazemsky —, un comédien — Jean-Pierre Léaud —, un ingénieur, un artiste, une jeune femme venue de la campagne. « Robinsons du marxisme-léninisme », selon la formule du cinéaste, et pro-chinois, ils étudient — et s’efforcent d’appliquer — la pensée du président Mao. Fondé sur les observations d’Anne Wiazemsky, inscrite à Nanterre depuis la rentrée de 1966, et sur les visites sur place de Jean-Luc Godard, son mari depuis juillet 1967, le film n’est pas un manifeste politique, ni un documentaire, ni même le récit d’une histoire, mais témoigne néanmoins, dans une série de tableaux, de la réception du maoïsme en France, après la rupture sino-soviétique (1963), et des inclinations révolutionnaires d’une partie de la jeunesse, un an avant les événements de mai 1968.
La bande-annonce du film
La chanson du film
La chanson du film — Mao Mao de Claude Channes — reprend dans son texte plusieurs des « citations du président Mao », après la publication, l’année précédente, de la première édition française du Petit Livre rouge (1966).
— « L’impérialisme américain dicte partout sa loi, s’est mis dans une position hostile aux peuples du monde entier et s’isole de plus en plus. » (12 janvier 1964.)
— « La révolution n’est pas un dîner de gala… » (Mars 1927.)
— « La bombe atomique est un tigre en papier dont les réactionnaires américains se servent pour effrayer les gens. » (Août 1946.)
Le Vietnam brûle et moi je hurle Mao Mao
Johnson rigole et moi je vole Mao Mao
Le napalm coule et moi je roule Mao Mao
Les villes crèvent et moi je rêve Mao Mao
Les putains crient et moi je ris Mao Mao
Le riz est fou et moi je joue Mao Mao
C’est Le Petit Livre rouge
Qui fait que tout enfin bouge
L’impérialisme dicte partout sa loi
La révolution n’est pas un dîner
La bombe A est un tigre en papier
Les masses sont les véritables héros
Les Ricains tuent et moi je mue Mao Mao
Les fous sont rois et moi je bois Mao Mao
Les bombes tonnent et moi je sonne Mao Mao
Les bébés fuient et moi je fuis Mao Mao
Les Russes mangent et moi je danse Mao Mao
Giap dénonce, je renonce Mao Mao
C’est Le Petit Livre rouge
Qui fait que tout enfin bouge
La base de l’armée, c’est le soldat
Le vrai pouvoir est au bout du fusil
Les monstres seront tous anéantis
L’ennemi ne périt pas de lui-même
Mao Mao
Mao Mao
Mao Mao