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29 janvier 1919. — Mémorandum de Faysal à la conférence de la paix
Troisième fils du chérif de la Mecque, l’émir Faysal (Fayçal) débarque à Marseille le 26 novembre 1918. Francophone, non pas anglophone, mais proche des Britanniques, il est regardé avec suspicion par les Français. Arrivé à Paris le 7 décembre, il rejoint Londres, où il arrive le 10. Son séjour dans la capitale britannique est l’« un des épisodes les plus controversés de l’histoire de la question de Palestine » (Henry Laurens). Le 1er janvier 1919, il publie un premier mémorandum sur la question arabe. De retour à Paris à la mi-janvier, il publie un second mémorandum ; ci-après le texte du 29 janvier 1919 et sa traduction en français.
29 janvier 1919. — « Revendications territoriales du gouvernement du Hedjaz » : une traduction française du mémorandum de l’émir Faysal à la conférence de la paix de Paris | https://t.co/HhjXUwRdfc @LaContempo_BAM #ProcheMoyenOrient #année1919 pic.twitter.com/15nlfmqRK7
— Langlois (@langlois_hg) 29 janvier 2019
Le texte en anglais du mémorandum de Faysal
Territorial Claims of the Government of the Hedjaz
As representing my father, who, by request of Britain and France, led the Arab rebellion against the Turks, I have come to ask that the Arabic-speaking peoples of Asia, from the line Alexandretta-Diarbekr southward to the Indian Ocean, be recognized as independent sovereign peoples, under the guarantee of the League of Nations.
The Hedjaz, which is already a sovereign State, and Aden, which is a British dependency, are excluded from the Arab demand.
The confirmation of the States already existing in the area, the adjustment of their boundaries with one another, with the Hedjaz, and with the British at Aden,and the formation of such new States as are required, and their boundaries, are matters for arrangement between us, after the wishes of their respective inhabitants have been ascertained.
Detailed suggestions on these smaller points will be put forward by my government when the time comes.
I base my request on the principles enunciated by President Wilson (attached), and am confident that the Powers will attach more importance to the bodies and souls of the Arabic-speaking peoples than to their own material interests.
FEISAL.
January 29th, 1919.
Une traduction française du mémorandum de Faysal
Revendications territoriales du gouvernement de Hedjaz
Comme représentant de mon père, qui, à la demande de la Grande-Bretagne et de la France, a dirigé la révolte des Arabes contre les Turcs, je suis venu demander que les peuples d’Asie de langue arabe, de la partie au sud de la ligne Alexandrette-Diarbekir jusqu’à l’océan Indien soient reconnus comme peuples souverains indépendants, sous la garantie de la Ligue des Nations.
Le Hedjaz, qui est déjà un État souverain, et Aden qui est une dépendance anglaise, ne font pas partie de la revendication arabe.
La confirmation des États existants déjà dans cette région, la délimitation de leurs frontières entre eux, avec le Hedjaz et avec les Anglais à Aden, et la création de tels États qui sont nécessaires et leurs frontières, sont des questions à régler entre nous, après nous être enquis des desiderata de leurs populations respectives.
Des propositions détaillés concernant ces points de détails seront présentés par mon gouvernement en temps opportun.
Je base ma requête sur les principes énoncés par M. le président Wilson (ci-joint) et j’ai confiance que les puissances voudront bien attacher plus d’importance aux corps et aux âmes des peuples de langue arabe qu’à leurs propres intérêts matériels.
FEISAL.
Janvier 29, 1919.