La campagne électorale de 1965, pour la première élection du président de la République au suffrage direct, témoigne du rôle acquis par la télévision dans la vie politique. De Gaulle annonce tardivement sa candidature, le 4 novembre, soit un mois avant le premier tour, et refuse de s’engager dans un débat contradictoire. Ses concurrents — François Mitterrand, candidat de la gauche, Jean Lecanuet, centriste d’opposition — mènent en revanche une campagne active. Au premier tour, de Gaulle est mis en ballottage par François Mitterrand, ce qui représente un échec. Avant le second tour, il accorde trois entretiens télévisés au journaliste Michel Droit.
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Vous avez écrit, en tête du premier tome de vos Mémoires de guerre : « Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France », et nous savons que cette certaine idée de la France est élevée et qu’elle est exigeante. Seulement, vous voyez mon Général, les Français ont souvent l’impression que vous vous faites également d’eux une certaine idée et que cette certaine idée que vous vous faites des Français est très différente de celle que vous vous faites de la France. En d’autres termes, qu’elle beaucoup moins élevée, et je crois que les Français, ça ne leur fait pas très plaisir.
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La France, c’est tout à la fois. C’est tous les Français. C’est pas la gauche, la France, c’est pas la droite, la France. […]
Il y a, pour ce qui est de la France, ce qui se passe dans une maison.
La maîtresse de maison, la ménagère, elle veut avoir un aspirateur, elle veut avoir un frigidaire, elle veut avoir une machine à laver, et même, si c’est possible, qu’on ait une auto. Ca, c’est le mouvement.
Et en même temps, elle ne veut pas que son mari s’en aille bambocher de toutes parts, que les garçons mettent les pieds sur la table et que les filles ne rentrent pas la nuit. Ca, c’est l’ordre.
Et la ménagère veut le progrès mais elle ne veut pas la pagaille. Et ça c’est vrai aussi pour la France. Il faut le progrès, il ne faut pas la pagaille.