L’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France
La leçon est extraite d’un manuel d’histoire publié en 1952, destiné à la première année du cours élémentaire et conforme au programme de 1945 : Albert Troux, Histoire de la France. Premier livre, Paris, Hachette, 1952, p. 58. Elle est sans doute conforme à la thèse résistancialiste, mais il ne faut pas généraliser sans précaution à partir de ce seul exemple.
La guerre dans les manuels de l’enseignement selon Bertrand Lécureur
Dans son étude sur les livres scolaires de l’enseignement primaire, Bertrand Lécureur montre que Vichy, la collaboration, la persécution ou l’extermination des juifs sont omis dans les manuels des cours élémentaire et moyen, sauf exceptions, mais qu’ils trouvent souvent leur place dans ceux du cours supérieur ou du certificat d’études. Il conclut néanmoins :
« Il serait, bien sûr, exagéré d’affirmer qu’une présentation digne de ce nom de la Shoah et du régime de Vichy apparaît dans les manuels d’histoire de l’enseignement primaire publiés depuis les lendemains de la guerre. Il faut plutôt évoquer de simples mentions, brèves, parfois inexactes, que la jeunesse du public ne suffit absolument pas à dédouaner. »
Bertrand Lécureur, « Un aperçu de l’image de la Shoah et du régime de vichy dans les manuels de l’enseignement primaire (1945-2000) », Revue d’histoire de la Shoah, no 193, juillet-décembre 2010, Enseigner l’histoire de la Shoah. France 1950-2010, pp. 84-87.
La guerre dans les manuels de l’enseignement selon François Azouvi
Dans Le mythe du grand silence, François Azouvi aboutit à une conclusion différente :
« Ne faut-il pas plutôt s’étonner de la précocité de cet enseignement et en tirer la leçon que la génération des élèves nés juste avant la fin de la guerre ou juste après, celle qui aura vingt ans au moment de la guerre des Six Jours et dont on s’étonne que, tout soudain, elle ait découvert le génocide grâce à la fermeture du détroit de Tiran, aura au moins entendu parler de cette histoire sur les bancs de l’école primaire, puis, quand elle aura une quinzaine d’années, au lycée ? Loin de moi l’idée que cela aura suffi à fabriquer une connaissance de l’événement. Mais ce grain de sable, ajouté à ceux que je détaillerai plus loin, fera un tas, et ce tas un savoir. Cette génération dont on dit qu’elle a grandi sans rien savoir de ce qui était advenu des juifs en aura été informée, sinon au biberon, du moins dans son enfance. »
François Azouvi, Le mythe du grand silence. Auschwitz, les Français, la mémoire, Fayard, Paris, 2012, p. 64.
Le « mythe du grand silence » selon François Azouvi
À comparer avec l’édition 1962 d’un manuel de terminale :