L’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France
Dans une allocution prononcée à la Sorbonne le 16 novembre 1992, l’historien François Bédarida donne de l’histoire et de la mémoire les deux définitions suivantes :
« Alors que l’histoire se situe à l’extérieur de l’événement et génère une approche conduite du dehors, la mémoire se place dans l’événement, le remonte en quelque sorte, cheminant à l’intérieur du sujet. Elle se fait contemporaine de ce qu’elle tente de transmettre, au lieu que l’histoire s’en distancie, en appréhendant l’événement, en le décortiquant et en tentant d’en extraire et la substance et le sens — dans la double acception de ce dernier terme, à savoir la direction et la signification.
« C’est pourquoi les trajectoires ne sont pas les mêmes. La mémoire a pour objectif la fidélité, l’histoire la vérité. »
François Bédarida, « La mémoire contre l’histoire » in Histoire, critique et responsabilité, Paris, Complexe, 2003, p. 259.
En couverture : L’Atelier ou L’Art de la peinture, de Johannes Vermeer (Delft, 1632-1675), vers 1666-1668, Kunsthistorisches Museum de Vienne ; à l’arrière-plan, Clio, la muse de l’histoire.
N.B. : le texte de l’allocution est publié dans la revue Esprit en juillet 1993 et repris dans le recueil Histoire, critique et responsabilité en 2003.
Dans le même recueil, pp. 249-268, un article de l’historien sur le livre de Paul Ricœur, La mémoire, l’histoire, l’oubli (septembre 2000) : « Une invitation à penser l’histoire : Paul Ricœur… » La Revue historique, 2001.