Le risque de guerre dans la presse française en 1938-1939

Le 24 septembre 1938, dans Paris-Soir, Maurice Goudeket s’interroge sur le risque de guerre. L’année suivante, dans Le Monde illustré du 22 avril 1939, Émile Hennin reprend la même question. Le premier s’exprime pendant la crise des Sudètes, ouverte deux semaines auparavant, par les déclarations de Gœring, Gœbbels et Hitler à Nuremberg (10-12 septembre 1938), le second après l’invasion de la Tchécoslovaquie (14-15 mars 1939) par l’Allemagne et celle de l’Albanie par l’Italie (7-12 avril). Un discours d’Hitler est attendu pour le 28 avril.


6 fois en 50 ans, la guerre était “pour demain” et elle n’a pas eu lieu

« 1871 à 1914 ! A mesure que s’éloigne ce récent passé, il apparaît aux jeunes générations comme une oasis de bien-être et de douceur. Pourtant, durant ce long laps de temps, au moins à six reprises, la France a été à deux doigts de la guerre : les administrations civiles et militaires, les états-majors ont veillé jour et nuit, les dépêches chiffrées ont sillonné l’espace, le bronze des tocsins a commencé de frémir. Six fois la guerre a été “fatale”. En 1914 la guerre n’était nécessaire à personne. Le recul et l’étude impartiale des documents permettent d’affirmer que, si d’aucuns en demeurent responsables, personne ne l’a délibérément voulue. Loin d’avoir été, comme l’a dit quelqu’un, “le résultat d’un déchaînement accidentel des passions”, elle a eu pour cause l’affolement progressif de ceux qui, dans chaque pays, commandaient les rouages. Des machines compliquées de procédure diplomatique et de guerre échappèrent à ceux qui les avaient mises en marche, et quand, le 30 juillet, les chefs coururent aux manettes dans un suprême effort pour arrêter ce qu’ils avaient déclenché, les manettes ne fonctionnaient plus ! 1938 trouve la France dans une nouvelle crise où son destin semble encore une fois en balance. On verra que cette crise n’est ni plus ni moins grave que celles qui l’ont précédée. Et, puisqu’il apparaît que c’est le hasard et non point la fatalité qui détermine les conflits armés, le devoir essentiel de ceux qui dirigent les destinées des nations n’est-il pas d’éliminer d’abord et à tout prix le hasard de leurs constructions ? »

« 6 fois en 50 ans, la guerre était “pour demain” et elle n’a pas eu lieu »

Paris-Soir du 24 septembre 1938.

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Sept fois en 50 ans, la guerre fut “pour demain !”

« Une fois de plus, le monde entier est suspendu aux lèvres du Führer et chacun de demander ce qu’il résultera des paroles que prononcera Adolf Hitler le 28 avril : la guerre ou la paix.

« Depuis le coup de force de Prague et surtout depuis celui d’Albanie l’Europe vit en état d’alerte et chaque jour on s’attend à ce que les canons partent tout seuls. Pourtant, sans parler de septembre 1938 ce n’est pas la première fois que la France malgré sa répugnance pour la guerre avait du se résigner à l’accepter et que fort heureusement au bout d’une attente, plus ou moins longue la tourmente s’était écartée. Sept fois en cinquante ans, on a pu dire en effet que la guerre était pour demain. Et pourtant sept fois, elle n’a pas eu lieu. »

« Sept fois en 50 ans, la guerre fut “pour demain !” Et pourtant sept fois, elle n’a pas eu lieu. »

Le Monde illustré du 22 avril 1939.

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La conférence de Munich dans Le Petit Parisien du 1er octobre 1938

Le Petit Parisien du 1er octobre 1938.

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