Ich bin ein Berliner : le discours du président Kennedy à Berlin (26 juin 1963)

Le président Kennedy se rend à Berlin le 26 juin 1963. Arrivé à l’aéroport de Tegel à 9 h 45, il parcourt la ville, en automobile, avec le chancelier fédéral, Konrad Adenauer, et le maire social-démocrate de Berlin, Willy Brandt. Après une halte devant la porte de Brandebourg, il prononce un discours sur la place Rudolph-Wilde et déclare : « La liberté n’est pas facile et la démocratie n’est pas parfaite, mais nous n’avons jamais eu besoin, nous, d’ériger un mur pour enfermer notre peuple, pour l’empêcher de nous quitter. » La place est renommée John-Kennedy, trois jours après l’assassinat du président (22 novembre 1963).

Une traduction des principaux passages du discours

1:50

Il y a deux mille ans, la plus fière des déclarations était : « Civis Romanus sum ». Aujourd’hui, dans le monde de la liberté, la plus fière des déclarations est : « Ich bin ein Berliner ». […]

Il y a beaucoup de gens dans le monde qui ne comprennent pas ou qui prétendent ne pas comprendre quel est le grand problème qui sépare le monde libre du monde communiste. Qu’ils viennent à Berlin ! Il y en a qui disent que le communisme est la voie de l’avenir. Qu’ils viennent à Berlin ! Il y en a qui disent, en Europe et ailleurs, que nous pouvons travailler avec les communistes. Qu’ils viennent à Berlin ! Il y en a même quelques-uns qui disent que le communisme est certes mauvais, mais qu’il permet le progrès économique. Lass sie nach Berlin kommen ! Qu’ils viennent à Berlin !

La liberté n’est pas facile et la démocratie n’est pas parfaite, mais nous n’avons jamais eu besoin, nous, d’ériger un mur pour enfermer notre peuple, pour l’empêcher de nous quitter. Je veux dire, au nom de mes compatriotes, qui vivent à des milliers de kilomètres, de l’autre côté de l’océan, qui habitent si loin de vous, combien ils sont fiers d’avoir vécu avec vous, malgré la distance, l’histoire des dix-huit dernières années. Je ne connais pas de ville qui soit, comme Berlin-Ouest, aussi vivante et forte, pleine d’espérance et de résolution, après un siège de dix-huit ans. Le mur est aux yeux du monde la preuve la plus éclatante de l’échec du système communiste, mais nous n’y trouvons aucune satisfaction parce qu’il est une offense à l’histoire comme à l’humanité, séparant les familles, séparant les maris et les femmes comme les frères et les sœurs, séparant un peuple qui voudrait être réuni. […]

7:20

Vous vivez sur un îlot de liberté, mais votre sort est lié à celui du monde. C’est pourquoi je vous demande de songer non pas aux dangers d’aujourd’hui mais aux espoirs de demain, non pas seulement à la liberté de votre ville ou à votre pays, mais aux progrès de la liberté dans le monde entier, non pas au mur mais au jour où viendront la paix et la justice, non pas à vous-mêmes et à nous-mêmes, mais à toute l’humanité.

La liberté est indivisible, et quand un homme est esclave, aucun n’est libre. Quand tous seront libres, votre ville sera réunie, votre pays et votre ville le seront, votre pays et votre continent le seront dans un monde de paix et d’espérance. Quand ce jour viendra, et il viendra, le peuple de Berlin-Ouest connaîtra la fierté d’avoir été sur le front pendant près de deux décennies.

Tous les hommes libres, où qu’ils vivent, sont les citoyens de Berlin, et c’est pourquoi je déclare avec fierté, en homme libre : Ich bin ein Berliner.

Le texte du discours sur le site du John F. Kennedy Library and Museum :

Remarks at the Rudolph Wilde Platz, Berlin (video and transcript)