Les « quatorze points » du président Wilson : discours devant le Congrès des États-Unis du 8 janvier 1918

Le président Wilson s’exprime devant le Congrès le 8 janvier 1918. Il récapitule les buts de guerre poursuivis par les États-Unis neuf mois après leur entrée en guerre contre l’Allemagne (6 avril 1917). C’est la signature de l’armistice séparé de Brest-Litovsk (15 décembre) et l’ouverture de pourparlers de paix entre la Russie bolchevique et l’Allemagne (20 décembre) qui conduisent les Alliés à définir leurs propres conditions de paix. Le ministre français des Affaires étrangères Stephen Pichon répond à des interpellations, le 27 décembre, à la Chambre des députés. Le Premier ministre britannique Lloyd George s’exprime le 5 janvier 1918 devant les délégués des trade unions.

Les « quatorze points » portent à la fois sur le règlement de la guerre et sur l’établissement d’un nouvel ordre international propre à garantir la paix. Le président Wilson entend fonder le règlement des questions nationales sur le principe des nationalités et sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes (VIe-XIIIe points). Il admet les revendications coloniales, mais les subordonne à l’« intérêt des populations concernées » (Ve point). Il formule plusieurs principes destinés à garantir une paix durable : diplomatie ouverte (Ier point), réduction des armements (IVe point), liberté de navigation et de commerce, raison première de l’entrée en guerre (IIe-IIIe points). Il prévoit la création d’une association générale des nations destinée à garantir l’indépendance et l’intégrité territoriale de tous les États (XIVe point).

Les « quatorze points » rompent avec la doctrine selon laquelle les États-Unis se tiennent à l’écart des conflits européens et s’interdisent tout engagement contraignant dans les relations internationales (isolationnisme). Formulée une première fois par le président Washington (1789-1797) dans sa Lettre d’adieu (19 septembre 1796), elle est reprise par le président Jefferson (1801-1809) dans son discours d’investiture (4 mars 1801) et complétée par le président Monroe (1817-1825) : sa doctrine (2 décembre 1823) réprouve par avance toute intervention européenne dans les affaires du continent américain et exclut toute intervention états-unienne dans les affaires européennes. Le président Wilson formule une doctrine différente qui justifie l’entrée en guerre (internationalisme wilsonien). Il appartient aux États-Unis, explique-t-il, de promouvoir un ordre international fondé sur le droit et la démocratie : « Il faut faire du monde un lieu sûr pour la démocratie. » (Washington, 2 avril 1917). « L’Amérique est faite de tous les peuples de la Terre et elle dit à sa naissance à l’humanité : “Nous sommes venus pour racheter le monde en lui donnant la liberté et la justice.” » (Saint-Louis, 5 septembre 1919.)

Le texte des « quatorze points »

Les « quatorze points » dans Excelsior du 10 janvier 1918

La traduction intégrale du discours dans Le Temps du 11 janvier 1918

La traduction intégrale du discours par Désiré Roustan (1919)

La carte de l’Europe selon les principes du président Wilson

Current History (février 1918)

Excelsior des 10 janvier et 28 avril 1918

Le Journal du 17 novembre 1918


Les « quatorze points » dans Excelsior du 10 janvier 1918

Dans son édition du 10 janvier 1918, le journal illustré Excelsior publie une traduction des « quatorze points » sous le titre : « Le programme de la paix du monde est exposé par le président Wilson » ; en sous-titres : « De même que M. Lloyd George, M. Wilson reconnaît formellement le droit de la France à la reprise de l’Alsace-Lorraine. L’Europe doit être reconstituée sur le principe de nationalités. La Sociétés des nations sera basée sur des accords spéciaux. » Les intertitres et les majuscules sont du journal.

Quatorze articles nets et précis, Excelsior, 10 janvier 1918

Excelsior, 10 janvier 1918.

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Les « quatorze points » dans Le Temps du 11 janvier 1918

Dans son édition datée du 10 janvier 1918, Le Temps donne des « Quatorze Points » une traduction fondée sur un « télégramme reçu par les journaux de Londres », puis publie le lendemain 11 janvier une version revue et corrigée du message dans son entier, « d’après l’agence Havas ».

LE MESSAGE DU PRÉSIDENT WILSON

Nous avons publié hier le début du message adressé par M. Wilson au Congrès américain et les quatorze conditions qu’il stipule pour la conclusion d’une paix répondant à ses conceptions politiques. Nous donnons ci-dessous, d’après l’agence Havas, le texte in extenso de ce document capital, en reproduisant les conditions qui, telles qu’elles sont formulées dans le télégramme de Washington, et tout en étant conformes quant au fond, diffèrent pour quelques passages de celles publiées hier, d’après les journaux anglais, par des nuances de rédaction et de traduction, pouvant avoir leur importance dans l’interprétation fidèle des idées exprimées par M. Wilson.

Les négociations de Brest-Litovsk

Une fois de plus, dit M. Wilson, comme à plusieurs reprises déjà auparavant, les hommes d’État, porte-parole des empires centraux, ont manifesté leur désir de discuter les objets de la guerre et les bases possibles d’une paix générale. Des négociations ont été engagées à Brest-Litovsk entre les représentants des puissances centrales et des représentants de la Russie, et tous les belligérants ont été appelés à porter leur attention sur ces négociations, dans le dessein d’établir s’il peut être possible d’étendre ces pourparlers à une conférence générale concernant les termes de la paix et leur règlement.

Les représentants de la Russie ont présenté non seulement un exposé parfaitement défini des principes sur lesquels seraient désireux de conclure la paix, mais aussi un programme défini de l’application concrète de ces principes.

Les représentants des puissances centrales, de leur côté, ont présenté un projet de règlement qui, bien que beaucoup moins précis, a paru susceptible d’une interprétation libérale jusqu’à ce qu’y fût ajouté leur programme spécifique des conditions pratiques de la paix. Or, ce programme ne proposait aucune concession d’aucun ordre, ni en ce qui concerne la souveraineté de la Russie, ni en ce qui concerne les préférences des populations dont ils prétendaient le sort ; mais signifiait en un mot que les empires centraux entendaient garder chaque pouce de territoire que leurs forces armées avaient occupé — toutes les provinces, toutes les villes, en somme tous leurs avantages — comme une addition permanente à leurs territoires et leur puissance.

Il est raisonnable de supposer que les principes généraux de règlement qu’ils avaient tout d’abord suggérés émanaient des hommes d’État les plus libéraux d’Allemagne et d’Autriche, des hommes qui ont commencé à comprendre la force de la véritable pensée et des intentions de leurs propres peuples, tandis que les conditions concrètes du règlement actuel provenaient des chefs militaires qui n’ont d’autre pensée que de garder ce qu’ils ont pris.

Les négociations ont été rompues. Les représentants de la Russie étaient sincères et de bonne foi. Ils ne peuvent envisager de pareilles propositions de conquête et de domination. Cet incident, dans son ensemble, est gros d’enseignements ; il est aussi gros de perplexité. Avec qui les représentants russes traitent-ils ? Au nom de qui les représentants des empires centraux parlent-ils ? Partent-ils pour les majorités de leurs Parlements respectifs ou pour les partis minoritaires, cette minorité militaire et impérialiste, qui a jusqu’ici dominé toute leur politique et contrôlé les affaires de Turquie et les États balkaniques, lesquels se sont vus obligés de devenir leurs associés dans cette guerre ?

Les représentants de la Russie ont insisté, très justement, très sagement et dans le véritable esprit de la démocratie moderne, pour que les conférences qu’ils ont engagées avec les hommes d’État allemands et turcs soient tenues portes ouvertes, et non portes fermées, et le monde entier a été appelé à l’audience, comme on le désirait.

La définition des principes et des intentions

Qui avons-nous entendu ? Ceux qui représentent l’esprit du Reichstag allemand du 9 juillet, l’esprit et les intentions des chefs libéraux de l’Allemagne, et de leur parti, ou ceux qui résistent à cet esprit, et à ces intentions, qui les combattent et qui insistent pour la conquête et la soumission par la force, ou entendons-nous, en fait, les uns et les autres irréconciliés dans une contradiction ouverte et sans espoir d’entente ? Ce sont là des questions très sérieuses, très poignantes.

De leur réponse, dépend la paix du monde. Mais, quels que soient les résultats des pourparlers de Brest-Litovsk, quelles que soient les conclusions d’intention ou de fait qui suivront les déclarations des représentants des empires centraux, ceux-ci ont déjà, de nouveau, prétendu saisir le monde de leurs objectifs de guerre et ont de nouveau défié leurs adversaires de déclarer quels sont leurs propres objectifs et quelle sorte de règlement ils estimeraient juste et satisfaisant. Il n’y a aucune bonne raison pour que ce défi ne soit pas relevé et qu’il n’y soit pas répondu avec la plus grande loyauté.

Nous n’avons pas d’ailleurs attendu ce moment pour le faire. Non pas une fois, mais à plusieurs reprises, encore et encore, nous avons exposé toute notre pensée, tous nos desseins devant le monde, et non pas en des termes généraux seulement, mais chaque fois avec une précision suffisante pour établir clairement quelles sortes de conditions définitives de paix doivent nécessairement en sortir. La semaine dernière, M. Lloyd George a parlé avec une admirable sincérité et dans un esprit de loyauté admirable pour le peuple et le gouvernement de la Grande-Bretagne. Il n’y a aucune confusion dans les conseils des adversaires des puissances centrales, aucune incertitude en ce qui concerne leurs principes ; aucun détail n’a été laissé dans le vague. C’est seulement du côté de l’Allemagne et de ses alliés que les intentions sont restées secrètes, que l’on se trouve en présence d’un manque de franchise rigoureuse ; ce sont eux seuls qui ont manqué à donner une définition précise de leurs objectifs de guerre.

La fin de ce terrible conflit de vie et de mort dépend de cette définition des buts de guerre. Aucun homme d’État ayant la moindre conception de sa responsabilité ne doit, pour un moment, se permettre de prolonger ces tragiques et effrayants sacrifices de sang et d’argent, à moins qu’il ne soit sûr, sans conteste et quoi qu’il arrive, que les buts de ces sacrifices sont partie indissoluble de la vie même de la société et que les peuples pour lesquels il parle estiment ces buts justes et impératifs autant qu’il le juge lui-même.

Il y a de plus une voix qui réclame cette définition des principes et des intentions, et qui est, il une semble, plus émouvante et plus persuasive qu’aucune des nombreuses voix qui font actuellement retentir l’air troublé du monde. C’est la voix du peuple russe. Les Russes sont écrasés et, semblerait-il, sans espoir, sous la force effroyable de l’Allemagne qui n’a jusqu’ici connu aucune pitié. Leur puissance, en apparence, est brisée.

Et cependant leur âme n’est pas abattue. Ils ne céderont ni sur le principe, ni dans les actes. Leur conception de ce qu’il est juste, de ce qu’il est humain et honorable pour eux d’accepter, a été déclarée avec une franchise, une largeur de vues, une générosité d’esprit et une sympathie humaine, universelle, qui doivent provoquer l’admiration de tout ami de l’humanité, et ils ont refusé de transiger sur leurs idéals ou d’abandonner les autres pour se mettre eux-mêmes en sûreté. Ils s’adressent à nous, nous demandant ce que nous désirons et si, sur quelques points, notre but et notre esprit diffèrent des leurs ; et je crois que le peuple des États-Unis désirerait que je leur répondisse avec la plus grande simplicité et la plus grande franchise.

Que leurs chefs présents le croient ou non, c’est notre désir et notre espoir les plus chers, que quelque moyen soit trouvé qui nous donna le privilège d’aider le peuple de Russie à réaliser son espoir suprême de liberté et de paix dans l’ordre.

La procédure de paix, quand elle aura commencé, devra être absolument ouverte et ne devra par conséquent inclure et permettre d’accords secrets d’aucune sorte. Le temps des conquêtes et des agrandissements est passé, de même également le temps des conventions secrètes conclues dans l’intérêt de gouvernements particuliers et susceptibles de détruire à quelque moment inattendu la paix du monde.

C’est ce fait heureux, maintenant clair aux yeux de tout homme public dont les pensées ne sont pas attardées dans un âge qui est révolu, qui rend possible à toute nation dont les buts sont conformes à la justice et la paix du monde, de proclamer maintenant ou en tout autre temps les objets qu’elle a en vue.

Les conditions de la paix mondiale

Nous sommes entrés dans cette guerre parce que des violations du droit nous touchaient au vif et rendaient la vie de notre peuple impossible, à moins qu’elles ne fussent réparées et que le monde ne fût une fois pour toutes assuré contre leur retour.

Ce que nous demandons dans cette guerre, par suite, ce n’est rien de particulier pour nous-mêmes, c’est que le monde soit rendu sûr et qu’il soit possible d’y vivre, et en particulier qu’il soit rendu sûr pour toute nation aimant la paix qui, comme la nôtre, désire vivre sa propre vie, déterminer ses propres institutions, être assurée de la justice et des agissements loyaux des autres peuples du monde vis-à-vis de la force et des agressions égoïstes. Tous les peuples du monde sont en effet solidaires dans cet intérêt, et en ce qui nous concerne, nous voyons très clairement qu’à moins que justice ne soit faite aux autres, elle ne nous sera pas faite à nous.

Le programme de la paix mondiale est, en conséquence, notre programme, et ce programme, le seul programme possible selon nous, est celui-ci :

1o Des conventions de paix ouvertes, ouvertement conclues et après lesquelles il n’y aura pas d’accords internationaux privés d’aucune sorte ; mais la diplomatie agira toujours franchement et en vue de tous ;

2o Liberté absolue de la navigation sur les mers, en dehors des eaux territoriales, aussi bien en temps de paix qu’en temps de guerre, sauf pour les mers qui pourraient être fermées en totalité ou en partie par une action internationale en vue de l’exécution d’accords internationaux ;

3o Suppression en tant qu’il sera possible de toutes les barrières économiques et établissement de conditions commerciales égales entre toutes les nations consentant à la paix et s’associant pour la maintenir ;

4o Garanties convenables données et prises que les armements nationaux seront réduits au dernier point compatible avec la sécurité du pays ;

5o Un libre arrangement d’un esprit large et absolument impartial de toutes les revendications coloniales, basé sur l’observation stricto du principe qu’en fixant toutes les questions de souveraineté, des intérêts des populations intéressées devront avoir un poids égal à celui des demandes équitables du gouvernement dont la base doit être déterminée ;

6o Évacuation de tous les territoires russes et règlement de toutes les questions concernant la Russie qui assurera la meilleure et la plus libre coopération des autres nations pour donner à la Russie une occasion de déterminer, sans être entravée ni embarrassée, l’indépendance de son propre développement politique et de sa politique nationale ; pour lui assurer un sincère accueil dans la Société des nations libres sous des institutions de son propre choix et plus qu’un accueil, toute aide dont elle aurait besoin et qu’elle désirerait. Le traitement accordé à la Russie par ses nations sœurs, pendant les mois à venir, sera la pierre de touche de leur ferme volonté ou de leur compréhension de ses besoins, abstraction faite de leurs propres intérêts et de leur intelligente et désintéressée sympathie ;

7o Belgique. Le monde entier sera d’accord qu’elle doit être évacuée et restaurée sans aucune tentative de limiter la souveraineté dont elle jouit de concert avec les autres nations libres. Aucun autre acte ne servira autant que celui-ci à rétablir la confiance parmi les nations dans les lois qu’elles ont établies et fixées elles-mêmes pour régir leurs relations entre elles. Sans cet acte salutaire toute la structure et la validité de toutes les lois internationales seront à jamais affaiblies ;

8o Tout le territoire français devra être libéré et les régions envahies devront être restaurées ; le tort, fait à la France par la Prusse en 1871 en ce qui concerne l’Alsace-Lorraine, qui a troublé la paix du monde pendant près de cinquante ans, devra être réparé afin que la paix puisse une fois de plus être assurée dans l’intérêt de tous ;

9o Le réajustement des frontières de l’Italie devra être effectué suivant les bases des nationalités clairement reconnaissables ;

10o Aux peuples de l’Autriche-Hongrie dont nous désirons voir la place sauvegardée et assurée parmi les nations, on devra donner le plus largement l’occasion d’un développement autonome ;

11o La Roumanie, la Serbie et le Montenegro devront être évacués, et les territoires occupés devront être restitués ; à la Serbie, on devra accorder un libre et sûr accès à la mer, et les relations entre les divers États balkaniques devront être fixées d’entente amicale sur les conseils des puissances et d’après les bases de nationalités et de suzeraineté établies historiquement. On fournira à ces États balkaniques des garanties d’indépendance politique et économique et d’intégrité de leurs territoires ;

12o Une souveraineté sûre sera assurée par les parties turques de l’empire ottoman actuel, mais les autres nationalités qui se trouvent en ce moment sous la domination turque devront être assurées d’une sécurité indubitable d’existence et d’une occasion exempte d’obstacles de se développer d’une façon autonome, et les Dardanelles devront être ouvertes d’une façon permanente en constituant un passage libre pour les navires et le commerce de toutes les nations suivant des garanties internationales ;

13o Un État polonais indépendant devra être établi, II devra comprendre les territoires habités par des populations incontestablement polonaises auxquelles on devra assurer un libre et sûr accès à la mer et dont l’indépendance politique et économique ainsi que l’intégrité territoriale devront être garanties par un accord international ;

14o Une Association générale des nations devra être formée d’après des conventions spéciales dans le but de fournir des garanties mutuelles d’indépendance politique et d’intégrité territoriale aux grands comme aux petits États.

La justice pour tous les peuples

Au sujet de ces réparations essentielles, du tort causé et des revendications de justice, nous nous sentons intimement liés à tous les gouvernements et à tous les peuples associés pour combattre les impérialistes. Nous ne saurions être séparés dans la question des intérêts ni divisés quant au but à atteindre. Nous resterons étroitement unis jusqu’à la fin. Pour arriver à de tels arrangements et à de telles conventions, nous sommes disposés à combattre et à continuer de combattre jusqu’à ce qu’ils soient réalisés ; mais seulement parée que nous souhaitons voir le droit triompher et parce que nous désirons une paix stable et juste qui ne peut être assurée qu’après l’élimination des principaux motifs de guerre que ce programme fera disparaître. Nous ne sommes nullement jaloux de la grandeur de l’Allemagne et il n’y a rien dans ce programme qui puisse l’affaiblir.

Nous ne la jalousons ni pour ses œuvres, ni pour sa haute science, ni pour les entreprises pacifiques telles que celles qui lui avaient assuré une situation très brillante et très enviable. Nous ne désirons pas lui nuire ou contrecarrer, d’une façon quelconque, son influence ou sa puissance légitime. Nous ne désirons pas la combattre par les armes ou par des arrangements commerciaux hostiles si elle est désireuse de s’associer avec nous ou avec les autres nations du monde aimant la paix dans des conventions justes, conformes aux lois et loyales. Ce que nous désirons d’elle, c’est seulement qu’elle accepte une place égale à celle des autres, parmi les peuples — du monde du monde nouveau dans lequel nous vivons maintenant — au lieu d’une place dominante.

Nous n’avons pas non plus l’intention de lui suggérer aucun changement ou aucune modification de ses institutions. Mais il est nécessaire, nous devons le dire franchement, et nécessaire comme prélude à toute relation intelligente avec elle de notre part, que nous sachions au nom de qui parlent leurs porte-parole quand ils s’adressent à nous, si c’est au nom de la majorité du Reichstag ou en celui du parti militaire et des hommes dont le credo est la domination impériale.

Nous avons parlé maintenant, avec soin, en termes trop concrets pour admettre aucun doute ou aucune question ultérieurs.

Un principe évident apparaît à travers tout le programme que j’ai esquissé. C’est le principe de justice pour tous les peuples et nationalités, et leur droit de vivre sur un pied d’égalité dans des conditions de liberté et de sécurité les uns avec les autres, qu’ils soient forts ou faibles. Si elle n’a pas pour base ce principe, aucune partie de l’armature de la justice internationale ne peut exister.

Le peuple des États-Unis ne pourrait agir en vertu d’aucun autre principe, et pour la défense de ce principe, il est prêt à consacrer sa vie, son honneur et tout ce qu’il possède. L’épreuve morale décisive de cette guerre suprême et finale pour la liberté humaine est venue et le peuple des États-Unis est prêt à mettre son intégrité et son dévouement à l’épreuve.

WILSON.

Le Temps, 11 janvier 1918.

À la suite du message, Le Temps indique les mesures prises pour assurer la diffusion du discours « en Russie et chez l’ennemi ».

On mande de Washington au Times que le président Wilson a pris des mesures pour assurer la plus grande publicité possible à son adresse dans les pays ennemis et en Russie. Le consul américain à Vladivostok fut un des premiers à en recevoir le texte. Plus d’un million d’exemplaires imprimés en allemand seront lancés au-dessus des lignes ennemies. L’adresse sera affichée dans tous les villages et toutes les villes de la Russie. Elle sera imprimée dans tous les journaux par les soins du comité officiel des informations maintenant créé en Russie, et sera répandue à profusion, dans tous les pays neutres. Le discours sera traduit en idiomes austro-slaves et circulera en Autriche-Hongrie. Un effort considérable sera tenté pour que l’humanité entière ait connaissance du programme de paix du président Wilson.

Le Temps, 11 janvier 1918.

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La traduction du texte par Désiré Roustan (1919)

Messages, discours, documents diplomatiques, par Désiré Roustan, Paris, 1919

En 1919, Désiré Roustan, professeur de philosophie au lycée Louis-le-Grand et traducteur de Woodrow Wilson (Pourquoi nous sommes en guerre, Paris, 1917 ; A History of the American People, New York, 1902, Histoire du peuple américain, traduction française, Paris, 1918), publie sa propre traduction du discours.

DISCOURS AU CONGRÈS POUR ÉNONCER LES CONDITIONS ESSENTIELLES DE LA PAIX QUE LES ÉTATS-UNIS POURRAIENT ACCEPTER

MESSIEURS DU CONGRÈS,

Une fois de plus, comme ils l’ont fait à maintes reprises déjà, les porte-parole des empires centraux, ont manifesté leur désir de discuter les buts de cette guerre et de rechercher une base possible pour la paix générale. Des pourparlers ont été en cours à Brest-Litovsk entre les représentants de la Russie et ceux des puissances centrales, et sur ces pourparlers l’attention de tous les belligérants a été appelée pour qu’ils examinent s’il serait possible d’élargir ces négociations au point de les transformer en une conférence générale qui étudierait les conditions de la paix et d’un règlement final.

Les représentants de la Russie ont apporté là non seulement un exposé parfaitement précis des principes sur lesquels ils seraient prêts à conclure la paix, mais encore un programme également précis pour l’application concrète de ces principes. Les représentants des puissances centrales ont de leur côté offert une esquisse du règlement final, et celle-ci, quoique beaucoup moins nette, semblait susceptible d’une interprétation libérale, jusqu’au jour où un programme détaillé des conditions pratiques de la paix vint s’y ajouter.

Ce programme ne prenait aucunement en considération les droits souverains de la Russie ou les préférences des populations dont le sort était en jeu. Il signifiait tout simplement que les empires centraux entendaient garder chaque pouce de territoire occupé par leurs armées, — chaque province, chaque ville, chaque point d’appui avantageux, — comme autant d’accroissements définitifs de leurs territoires et de leur puissance. On peut raisonnablement conjecturer que les principes généraux de règlement final, proposés tout d’abord, émanaient des hommes d’État les plus libéraux de l’Allemagne et de l’Autriche, des hommes qui ont commencé à sentir la force de l’opinion et des intentions de leurs propres peuples, tandis que les conditions concrètes de l’accord actuellement offert émanaient des chefs militaires dont l’unique pensée était de conserver leurs conquêtes. Les négociations ont été rompues. Les représentants de la Russie étaient sincères et de bonne foi. Ils ne peuvent envisager des propositions qui ne préparent que conquête et domination.

Tout cet incident est gros de signification. Il est aussi gros de difficultés. Avec qui les représentants de la Russie sont-ils en train de traiter ? Au nom les représentants des empires centraux parlent-ils ? Parlent-ils au nom des majorités de leurs parlements respectifs ou bien au nom de minorités, de cette minorité militaire et impérialiste qui a jusqu’ici dominé toute leur politique, mis la main sur les affaires de la Turquie et des États balkaniques qui se sont sentis contraints de devenir leurs associés dans cette guerre ? Les représentants de la Russie ont insisté fort justement, fort sagement, et dans le véritable esprit de la démocratie moderne, pour que les conférences qu’ils tenaient avec les hommes d’État germaniques et turcs eussent lieu toutes portes ouvertes, non à huis clos, et le monde entier, comme ils le désiraient, a constitué leur auditoire. Or quels sont ceux que nous avons entendus là ? Est-ce ceux qui représentent l’esprit et les intentions de la résolution votée par le Reichstag allemand le 19 juillet dernier, l’esprit et les intentions des chefs et des partis libéraux de l’Allemagne, ou ceux qui lançant un défi et résistant à cet esprit et à ces intentions, réclament encore des conquêtes et des asservissements ? Ou plutôt n’avons-nous pas entendu en fait ces deux partis, toujours en guerre ouverte, en contradiction flagrante et insoluble ? Ce sont là des questions très sérieuses et lourdes de conséquences. De la réponse qui leur sera donnée dépend la paix du monde.

Mais quels que soient les résultats des pourparlers de Brest-Litovsk, si confuses qu’apparaissent dans les déclarations des porte-parole des empires centraux leurs opinions et leurs intentions, ils ont une fois de plus essayé de faire part au monde des buts qu’ils visent dans cette guerre, ils n’en ont pas moins essayé une fois de plus de faire connaître au monde leur buts de guerre et mis une fois de plus leurs adversaires au défi de dire quels sont leurs buts à eux, quelle sorte de règlement final ils estimeraient juste et satisfaisant. Il n’est aucune bonne raison pour ne pas répondre à ce défi, pour n’y pas répondre avec la plus entière franchise. Aussi bien nous n’avons pas attendu ce défi pour nous expliquer. Non pas une fois, mais à maintes et maintes reprises, nous avons mis sous les yeux du monde toute notre pensée, tous nos desseins, non point seulement en termes généraux, mais chaque fois avec une suffisante précision pour montrer clairement quelles conditions bien définies doivent nécessairement en découler dans l’accord final.

Dans le courant de la semaine dernière, M. Lloyd George, avec une sincérité et dans un esprit également admirables au nom du peuple et du gouvernement de la Grande-Bretagne. Ce n’est pas chez les adversaires des puissances centrales que se remarquent la contradiction entre les intentions, l’incertitude des principes, le flottement quant aux détails. Les desseins ténébreux, le manque de courageuse franchise, l’incapacité de définir nettement les buts de la guerre, tout cela est exclusivement le fait de l’Allemagne et de ses alliés. Et pourtant la vie et la mort sont les fins engagées dans ces déclarations. Ce sont pourtant des questions de vie et de mort qui dépendent de ces définitions. Aucun homme d’État ayant la moindre notion de sa responsabilité ne devrait se permettre un seul instant de prolonger ce tragique et effroyable gaspillage de sang et de richesses, sans être sûr, de cette assurance qui exclut toute crainte d’erreur, que ces sacrifices essentiels sont consentis pour sauver une partie intégrante de ce qui est vital dans la société et que le peuple dont il est le porte-parole les juge comme lui légitimes et indispensables.

Il y a encore, pour réclamer cette définition des intentions, une voix plus émouvante et plus persuasive que toutes les autres voix touchantes qui emplissent en ce moment l’atmosphère troublée du monde. C’est la voix du peuple russe. Il est abattu, apparemment sans secours, en face de la force sinistre de l’Allemagne qui n’a connu jusqu’à présent ni indulgence ni pitié. Sa puissance, semble-t-il, est brisée, et cependant son âme n’est pas asservie. Il ne veut céder, ni en principe, ni en fait. Ses convictions sur ce qu’il est juste, sur ce qu’il est humain et honorable pour lui d’accepter ont été exposées avec une loyauté, une largeur de vues, une élévation, un sens de la solidarité universelle qui doivent forcer l’admiration de tout ami de l’humanité. Il a refusé de transiger avec son idéal ou d’abandonner autrui pour se sauver lui-même. Il nous adjure de déclarer ce que nous voulons, de dire si nos desseins ou nos intentions diffèrent en quoi que ce soit des siens et je suis persuadé que le peuple des États-Unis serait heureux que je réponde en toute simplicité, en toute franchise. Que ses dirigeants actuels le veuillent croire ou non, c’est notre ardent désir et c’est notre espérance qu’une voie s’ouvre à nous qui nous donne l’honneur d’aider le peuple russe à atteindre son haut idéal de liberté et de paix dans l’ordre.

C’est notre vœu, c’est notre ferme intention que les négociations de la paix, dès qu’elles seront entamées, soient conduites au grand jour, qu’elles n’enveloppent ni ne permettent aucune entente secrète d’aucune sorte. Le temps des conquêtes et des agrandissements est passé, passé aussi le temps des traités secrets, conclus dans l’intérêt de quelques gouvernements particuliers et le plus souvent destinés à bouleverser inopinément la paix du monde. C’est ce fait heureux, aujourd’hui patent aux yeux de tous les hommes d’État dont les idées ne s’attardent pas en un passé définitivement révolu, qui permet à toute nation dont les desseins s’accordent avec la justice et la paix du monde de proclamer maintenant comme à tout autre moment les objets qu’elle a en vue. Nous sommes entrés dans cette guerre parce que des violations du droit se sont produites qui nous touchaient au vif et qui rendaient la vie de notre peuple impossible à moins qu’elles ne fussent réparées et que le monde ne fût une fois pour toutes assuré contre leur retour. Ce que nous exigeons dans cette guerre ce n’est donc rien de particulier pour nous-mêmes. C’est que le monde devienne un lieu sûr où tous puissent vivre et spécialement qu’il soit rendu sûr pour toute nation éprise de paix qui désire comme la nôtre vivre de la vie qui lui convient, décider de ses propres institutions, qui veut pouvoir compter qu’elle sera traitée avec justice et loyauté par les autres peuples du monde et non pas exposée à la brutalité des agressions égoïstes. À cet égard tous les peuples du monde sont solidaires et, en ce qui nous concerne, nous voyons très clairement que nous devons pas attendre la justice des autres si elle ne leur est pas rendue à eux-mêmes.

C’est donc le programme qui assurera la paix au monde qui est notre programme, et ce programme, le seul possible selon nous, est le suivant :

1o Des conventions de paix connues de tous, préparées au grand jour, après lesquelles il n’y aura plus d’ententes particulières d’aucune sorte entre nations, mais seulement une diplomatie qui procédera toujours franchement et en vue de tous ;

2o Absolue liberté de navigation sur mer en dehors des eaux territoriales, aussi bien en temps de guerre qu’en temps de paix, excepté dans le cas où les mers seraient fermées totalement ou partiellement par une action internationale pour imposer le respect des conventions internationales ;

3o Suppression, dans toute la mesure du possible, des barrières économiques et égalité de traitement en matière commerciale pour toutes les nations consentant à la paix et s’associant pour la maintenir ;

4o Échange de garanties efficaces pour que les armements de chaque nation soit réduits au minimum compatible avec la sécurité intérieure ;

5o Un règlement librement débattu, dans un esprit large et absolument impartial, de toutes les revendications coloniales, fondé sur ce principe rigoureusement observé que, pour résoudre les problèmes de souveraineté, les intérêts des populations en cause pèseront d’un même poids que les revendications équitables du gouvernement dont les titres sont examinés ;

6o Évacuation du territoire russe tout entier et règlement de toutes questions concernant la Russie qui assure la meilleure et la plus libre coopération de toutes les autres nations du monde, en vue de donner à la Russie toute latitude de déterminer sans entraves ni obstacles, en pleine indépendance, son propre développement politique et son organisation nationale ; qui lui prépare aussi un accueil sincèrement bienveillant dans les société des nations libres où elle entrera avec les institutions qu’elle aura elle-même choisies ; qui même lui assure mieux qu’un accueil bienveillant, qui lui vaille l’aide de toute sorte dont elle pourra avoir besoins et qu’elle pourra souhaiter. Le traitement accordé à la Russie par ses sœurs les nations, au cours des mois qui vont suivre, sera la pierre de touche de leur bonne volonté, de leur compréhension des besoins de la Russie, abstraction faite de leurs propres intérêts, la preuve de leur sympathie intelligente et généreuse ;

7o La Belgique, — il n’y aura qu’un avis dans le monde sur ce point, — soit évacuée et restaurée, sans aucune tentative pour limiter l’indépendance dont elle jouit au même titre que toutes les autres nations libres. Aucun autre acte pris à part ne servira autant que celui-ci à rendre aux nations leur confiance dans les lois qu’elles ont elles-mêmes établies et fixées, pour présider à leurs mutuelles relations. Sans cet acte réparateur, tout l’édifice du droit international est à jamais ébranlé ;

8o Le territoire de la France devra être totalement libéré et les portions envahies devront être restaurées ; le tort fait à la France par la Prusse en 1871 en ce qui concerne l’Alsace-Lorraine, tort qui a compromis la paix du monde pendant près de cinquante ans, doit être réparé, afin que la paix puisse de nouveau être assurée dans l’intérêt de tous ;

9o Une rectification des frontières de l’Italie devra être opérée selon les lignes de démarcation clairement reconnaissables entre nationalités ;

10o Aux peuples de l’Autriche-Hongrie, dont nous désirons sauvegarder et assurer la place parmi les nations, devra être accordée la plus grande latitude pour leur développement autonome ;

11o La Roumanie, la Serbie et le Monténégro devront être évacués, les territoires occupés devront être restaurés ; à la Serbie devra être assuré un libre accès à la mer ; les relations mutuelles des divers États balkaniques devront être déterminés par un amical échange de vues, en tenant compte des liens d’allégeance et des différences de nationalité que l’histoire a créés ; des garanties internationales d’indépendance politique et économique et d’intégrité territoriale seront instituées en faveur de ces États ;

12o Aux régions turques de l’empire ottoman actuel devra être assurée une souveraineté non contestée ; mais aux autres nationalités présentement soumises au joug turc on devra garantir une sécurité absolue d’existence, la pleine possibilité d’un développement autonome et sans entraves ; les Dardanelles devront rester ouvertes au libre passage des navires de commerce de toutes les nations sous la protection de garanties internationales ;

13o Un État polonais indépendant devra être créé qui s’entendra sur les territoires habités par les populations indiscutablement polonaises ; on lui assurera un libre accès à la mer ; son indépendance politique et économique, son intégrité territoriale devront être garanties par des conventions internationales ;

14o Il faut qu’une association générale soit formée entre les nations, en vertu de conventions formelles, aux fins de procurer à tous les États, grands et petits également, des garanties mutuelles d’indépendance politique et d’intégrité territoriale.

En ce qui concerne ces redressements essentiels des torts causés et ces revendications du bon droit, nous nous sentons étroitement solidaires de tous les gouvernements et de tous les peuples ligués ensemble contre l’impérialisme. On ne pourra faire que nos intérêts divergent ou que nos desseins se contrarient. Nous demeurerons fermement unis jusqu’à la fin.

Pour de tels arrangements et de telles conventions nous sommes prêts à combattre et nous continuerons de combattre jusqu’à ce qu’ils soient réalisés. Mais notre unique mobile c’est le désir de voir le droit l’emporter, le désir de fonder une paix juste et durable, celle qu’on ne pourra obtenir qu’en supprimant les principales causes de conflit, comme notre programme les supprime. Nous ne sommes point jaloux de la grandeur allemande et il n’y a rien dans notre programme qui tende à la ruiner. Nous ne dénigrons pas l’œuvre réalisée par elle, sa haute culture scientifique, la prospérité qu’elle doit aux travaux de la paix, tout ce qui donne à son histoire un éclat brillant et enviable. Nous ne désirons ni la léser, ni entraver en aucune manière son influence et sa puissance légitimes. Nous ne désirons pas la combattre par les armes ou par des combinaisons économiques hostiles si elle est prête à s’associer avec nous et avec les autres nations pacifiques du monde par des conventions justes, légales et loyales. Nous désirons seulement qu’elle se résigne à n’être que l’égale des autres nations du monde, — du monde nouveau dans lequel nous vivons maintenant, — au lieu de prétendre les dominer.

Pas davantage nous ne songeons à lui demander de changer ou de transformer quoi que ce soit dans ces institutions. Mais il est nécessaire, nous devons le dire franchement, nécessaire comme condition préalable à toute négociation qui pourrait se poursuivre entre elle et nous sans risque de malentendu, que nous sachions au nom de qui nous parlent ses représentants, si c’est au nom de majorité du Reichstag ou bien au nom du parti militaire et des hommes qui ont pour programme l’impérialisme et la tyrannie.

Maintenant nous sommes certains de nous être exprimés en termes trop précis pour laisser subsister des doutes ou des incertitudes. Un principe évident domine tout le programme que j’ai esquissé. C’est le principe qui assure la justice à tous les peuples et à toutes les nationalités, qui proclame leur droit à vivre sur pied d’égalité, dans la liberté et la sécurité, à côté des autres nations, qu’ils soient forts ou faibles. Si ce principe n’en devient pas le fondement, l’édifice de la justice internationale s’effondrera de toute part. Le peuple des États-Unis ne peut d’ailleurs agir suivant un autre principe : à la défense de celui-ci il est prêt à consacrer sa vie, son honneur, tout ce qu’il possède.

Messages, discours, documents diplomatiques relatifs à la guerre mondiale, traduction de Désiré Roustan, 1919.

GALLICA – BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE


Une carte de Current History (février 1918)

La carte est vraisemblablement publiée en janvier ou février 1918.

President Wilson’s Proposed Settlement of the War, Current History, A Monthly Magazine of the New York Times, 1918

President Wilson’s Proposed Settlement of the War

The New York Times Current History, 1918.

INTERNET ARCHIVE | Domaine public


Une carte d’Excelsior (10 janvier 1918)

Le journal illustré Excelsior publie deux cartes de l’Europe selon le président Wilson, les 10 janvier et 28 avril. La première est précédée d’une carte de l’Europe en 1914, la seconde d’une carte de l’Europe selon les buts de guerre allemands.

MÊME CARTE REMANIÉE, D’APRÈS LES BUTS DE GUERRE EXPRIMÉS PAR M. LLOYD GEORGE ET LE PRÉSIDENT WILSON

Au-dessus. — Carte de l’Europe politique, telle qu’elle se présentait dans ses frontières avant le 2 août 1914

Excelsior, 10 janvier 1918.

LE RÈGLEMENT TERRITORIAL DE L’APRÈS-GUERRE, TEL QUE LE PROPOSE LE PRÉSIDENT WILSON

Au-dessus. — Plans d’annexions du gouvernement allemand, tels que les a divulgués le socialiste Haase

Excelsior, 28 avril 1918.


Une carte du Journal (17 novembre 1918)

Dans son édition du 17 novembre 1918, quelques jours après la signature de l’armistice, Le Journal publie une « carte montrant ce que serait l’Europe future d’après les principes de M. Wilson » : elle n’est plus exactement ce qu’elle était en janvier 1918.

Carte montrant ce que serait l'Europe future d'après les principes de M. Wilson, Le Journal, 17 novembre 1918

Carte montrant ce que serait l’Europe future d’après les principes de M. Wilson

Le Journal, 17 novembre 1918.

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Wilson et les « peuples de l’Autriche-Hongrie »

Le 8 janvier 1918, dans le dixième de ses « quatorze points », le président Wilson prévoit le « développement autonome » des « peuples de l’Autriche-Hongrie ». Dans sa réponse du 18 octobre à la note de paix autrichienne du 4, il ajoute :

« Depuis que cette phrase a été écrite et prononcée devant le Congrès des États-Unis, le gouvernement des États-Unis a reconnu qu’un état de belligérance existe entre les Tchéco-Slovaques et les empires allemands et austro-hongrois, et que le Conseil national tchéco-slovaque est de facto un gouvernement belligérant investi de l’autorité propre pour diriger les affaires politiques et militaires des Tchéco-Slovaques.

« Il a aussi reconnu de la façon la plus complète la justice des aspirations nationalistes des Yougoslaves pour la liberté.

« Le Président n’est donc plus dorénavant libre d’accepter une simple “autonomie” de ces peuples comme une base de paix, mais il est obligé d’insister sur le fait que ce sont eux et non pas lui qui devront juger en quelle manière une action du gouvernement austro-hongrois pourra satisfaire leurs aspirations et leur conception de leurs droits et de leur destinée comme membre de la famille des nations. »

Réponse à la note autrichienne du 4 [ou 7] octobre 1918

President W. Wilson, Messages, discours, documents diplomatiques relatifs à la guerre mondiale, t. II, trad. Désiré Roustan, Bossard, Paris, 1919, p. 334.