Dans l’après-midi du 11 novembre 1918, après la signature de l’armistice allemand dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne, Clemenceau donne lecture de la convention devant la Chambre et prononce un discours passé à la postérité : « La France, hier soldat de Dieu, aujourd’hui soldat de l’humanité, sera toujours le soldat de l’idéal ! ». Les propos qu’il tient à la même tribune, six jours auparavant, après la signature de l’armistice autrichien (Villa Giusti, 3 novembre), sont à la fois plus complets et moins connus. On trouvera ci-dessous le texte du discours dans son entier. En bas de page, deux dessins de presse : Clemenceau en « Père la Victoire » dans Le Journal, Clemenceau « plusqu’auboutiste » dans Le Populaire.
Le discours dans L’Œuvre du 6 novembre 1918
À la une de son édition du 6 novembre 1918, L’Œuvre reprend les propos tenus la veille par le président du Conseil : « La République nous a sauvés ! a déclaré le président du Conseil après avoir évoqué le nom de Gambetta ».
L’Œuvre, 6 novembre 1918.
GALLICA – BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE
Le discours de Clemenceau dans le Journal officiel
Au début de son discours, Clemenceau donne lecture de la convention d’armistice et reçoit de « vifs applaudissements », sans être jamais interrompu, à une exception près, celle de Cachin, sur l’article 4 des clauses militaires. Seuls l’article incriminé et l’interruption dont il fait l’objet sont reproduits ici. Pour mémoire : le texte de la convention d’armistice dans les bibliothèques numériques Gallica-BNF et Internet Archive.
M. le président. — La parole est à M. le président du Conseil, ministre de la Guerre. (Vifs applaudissements répétés. — Un grand nombre de députés se lèvent.)
M. Georges Clemenceau, président du Conseil, ministre de la Guerre. — Messieurs, je suis touché jusqu’au fond du cœur de cette manifestation. Mais, laissez-moi le dire, je ne vaux pas tant d’hommages. Ce que j’ai fait c’est la France qui l’a fait. (Applaudis- sements.)
Elle l’a voulu par vous et, par vous, j’ai pu le faire. Voilà ce qu’il ne faut pas oublier.
M. Lauche. — Parlez-nous de l’armée de Salonique ! (Vives protestations.)
M. le président. — Nous sommes à un moment où tous les cœurs doivent battre à l’unisson. (Applaudissements.)
M. le président du Conseil. — Si c’est un crime de m’être servi de mon mieux, et pour le bien de la France, des instruments d’action qui m’ont été remis, ce crime, je le reconnais hautement. (Applaudissements.)
M. Camille Reboul. — Vous avez commencé par critiquer. (Nouvelles protestations et bruit.)
M. le président. — Ce n’est pas le moment d’interrompre, ni celui de discuter (Très bien ! très bien !)
Je prie tous nos collègues de faire silence.
M. Raffin-Dugens. — Alors, dites tout de suite : « Vive le dictateur ! » (Vives réclamations.)
M. le président. — C’est au nom de la liberté que je demande le silence pour celui qui est à la tribune.
M. le président du Conseil. — Messieurs, je suis monté à cette tribune pour vous donner lecture du texte des conditions d’armistice qui ont été proposées à l’Autriche et acceptées par elle. (Très bien ! très bien !)
Ce texte est ainsi conçu :
[…]
« 4. — Possibilités pour les armées des puissances associées de se mouvoir librement par l’ensemble des routes, chemins de fer et voies fluviales des territoires austro-hongrois (Vifs applaudissements), avec emploi de tous les moyens de transport austro-hongrois nécessaires. (Vifs applaudissements.)
« Occupation par les armées des puissances associées de tous points stratégiques en Autriche-Hongrie et à tous moments jugés nécessaires par ces puissances (Vifs applaudissements), pour rendre possibles toutes opérations militaires ou pour maintenir l’ordre. »
M. Marcel Cachin. — L’ordre contre qui ? (Vives interruptions à droite.) J’ai lu en effet dans un journal du matin des choses inquiétantes à ce sujet.
M. le président du Conseil.
[…]
Tel est, mot à mot, le texte de l’armistice qui a été accepté sans y rien changer par ce qui subsiste du gouvernement autrichien.
Le conférence de Versailles a terminé ses travaux hier soir. Les alliés avaient successivement établi les termes d’un armistice pour la Bulgarie, pour la Turquie, pour l’Autriche.
Ces trois armistices ont été acceptés par l’ennemi. Les trois appuis indispensables à l’empereur d’Allemagne pour continuer sa guerre lui font aujourd’hui défaut. (Vifs applaudissements.)
Le Conseil supérieur de Versailles a également arrêté les clauses d’un armistice demandé, réclamé par l’Allemagne. Les termes de cet armistice ont été expédiés hier au soir au président Wilson qui, s’il les approuve, fera savoir au gouvernement impérial et démocratique (Rires et applaudissements) que, pour connaître nos conditions d’armistice, il lui suffira de s’adresser à M. le maréchal Foch. (Applaudissements.)
L’esprit dans lequel a été conçu et rédigé ce dernier document est identique à celui qui a inspiré les trois autres. (Vifs applaudissements.)
M. François-Fournier. — Nous l’espérons un peu plus accentué. (Mouvements divers.)
M. le président du Conseil. — Nos directives sont celles de nos conseillers militaires et elles correspondent, d’ailleurs, aux idées du président Wilson (Applaudissements) : assurer la sécurité de nos troupes, maintenir notre suprématie militaire (Très bien ! très bien !) pour le cas où les hostilités viendraient à recommencer ; et enfin, désarmer l’ennemi autant qu’il sera nécessaire pour empêcher, en cas de mauvaise volonté de sa part, ou de manque de parole, toute surprise. (Vifs applaudissements.)
M. Ringuier. — Et le rapatriement des civils qui sont dans les régions envahies ?
Voix nombreuses. — Il est prévu.
M. le président du Conseil. — Vous pouvez nous faire l’honneur de croire, monsieur le député, que nous ne les avons pas oubliés ! (Applaudissements.)
Je descendrais de la tribune si je n’avais une parole à ajouter.
Il est impossible, après être entré dans la vie politique en 1871, à l’Assemblée de Bordeaux, et avoir été — je suis le dernier survivant d’entre eux — l’un des signataires de la protestation contre le démembrement de l’Alsace-Lorraine. (Vifs applaudissements prolongés.)
M. Symian. — C’est ce dernier survivant qui nous la rendra.
M. le président du Conseil. — …il m’est impossible, à cette heure, où la paix n’est peut-être pas aussi prochaine que quelques-uns d’entre nous peuvent le croire, mais où, cependant, notre victoire est assurée, il m’est impossible à ce moment de descendre de cette tribune sans avoir rendu hommage à ceux qui ont été les initiateurs et les metteurs en œuvre de l’immense tâche nationale qui s’achève en ce moment.
Je veux parler de Gambetta. (Vifs applaudissements prolongés. — MM. les députés se lèvent.)
Je veux parler de celui qui a été le défenseur du territoire dans des conditions telles que la victoire était impossible et qui n’a jamais désespéré. (Nouveaux applaudissements.) Avec lui, à Bordeaux, avec Chanzy, j’ai voté la continuation de la guerre. Et vraiment quand je vois ce qui s’est passé pendant ce demi-siècle, je me demande si, après tout, pendant cinquante ans, la guerre n’a pas continué. (Très bien ! très bien !)
Je veux que, de cette tribune, il soit entendu que le premier acte du gouvernement a été de se retourner vers ceux de ces grands protestataires que vous avez applaudis tout à l’heure : Scheurer-Kestner, Küss, maire de Strasbourg, succombant à la peine, mourant à Bordeaux ; je veux que notre pensée se retourne vers eux et que, lorsque les terribles portes de fer que l’Allemagne a refermées sur nous vont s’ouvrir, nous leur disions : « Passez les premiers, vous avez montré le chemin. » (Vifs applaudissements répétés.)
Maintenant encore, si vous voulez me le permettre, je voudrais dire une parole que je crois utile.
Elle est déjà dans vos esprits, j’en suis sûr ; mais l’heure viendra pour nous à mesure que les problèmes de la guerre disparaîtront — le plus tôt possible, je l’espère — de comprendre que de nouveaux devoirs s’imposeront à nous. (Applaudissements.)
On nous a dit que nous voulions la guerre. Oui, nous la voulions depuis l’agression allemande ; mais nous la voulions pour la paix, nous la voulions pour une paix de justice et de droit avec les garanties nécessaires (Applaudissements).
Et ceux qui ont pu voir de leurs yeux l’œuvre des Allemands dans les pays envahis comprendront avec nous qu’après de tels crimes il est impossible que nous ne prenions pas les garanties nécessaires pour en empêcher le recommencement. (Nouveaux applaudissements.)
Messieurs, tous les problèmes, dans tous les domaines de l’activité nationale, vont se poser à la fois.
Cette guerre est la plus formidable que le monde ait jamais vue.
Avec les progrès des armements, les progrès scientifiques, il faut bien dire le mot, et l’intérêt que les peuples tout entiers ont maintenant à se jeter dans la bataille pour assurer leurs droits, je me demande ce qu’ils deviendraient, ce que toute l’humanité deviendrait, si nous étions exposés plus tard à de nouvelles guerres dépassant toutes celles que nous avons vues. (Vifs applaudissements unanimes.)
Ceci, je ne le veux pas, et je n’ai pas besoin de le dire ; il n’y a pas un homme qui le veuille. (Nouveaux applaudissements.) Seulement les paroles sont belles, les actes sont difficiles, pénibles, cruels et douloureux parfois.
Je demande aux assemblées de la République française de préparer déjà dans leurs pensées le travail qui bientôt s’imposera à elles et qui ne sera pas moins redoutable que celui de la guerre.
Il est beau pour un homme, en un jour de bataille, de rassembler toute son énergie dans un acte d’héroïsme incomparable et de se jeter au-devant de la mitraille. Cet homme est honoré par les générations futures. Mais il y a aussi le poilu de la paix (Très bien ! très bien !), il y a l’homme à qui les plus graves problèmes se posent et qui, s’il se trompe pendant une trop longue durée de temps, peut aboutir à déchaîner les catastrophes qu’il a voulu éviter.
Voilà ce qui nous importe. Nous commettrons des erreurs, nous en avons tous commis, mais il ne faut pas en commettre trop et pendant trop longtemps. (Très bien ! très bien !)
Il faut nous affranchir des vieilles habitudes d’esprit qui ont fait de nous un peuple prompt aux querelles pour un idéal qui est beau, admirable, que l’on croit atteindre, vers lequel on tend les bras, mais qu’on n’atteint jamais, comme les astres qui éclairent le ciel. Il faut que nous soyons capables d’accomplir cette réforme de nous-mêmes si, après avoir été dignes de la guerre, nous voulons nous montrer dignes de la paix. (Applaudissements.)
Il faut bien le dire : si nous n’avions pas eu d’alliés dans cette guerre, nous n’aurions pas pu triompher. (Applaudissements.) Aucun des alliés n’aurait pu triompher sans le secours des autres. (Applaudissements.) À quelques-uns cela paraîtra peut-être une diminution de gloire ; j’y vois, moi, une meilleure chance pour l’humanité. (Vifs applaudissements sur tous les bancs.)
Nous avons fait des amis de nos vieux ennemis séculaires, les Anglais (Rires et applaudissements), et nous les aimons bien. (Nouveaux applaudissements.) Nous voyons les prodiges qu’ils accomplissent sur nos champs de bataille. (Applaudissements.)
M. le ministre des affaires étrangères et M. le président de la Chambre ont rendu hommage à la glorieuse Belgique, à la noble Italie, à la Grèce, à la Serbie, ainsi qu’à tous ces jeunes peuples qui vont se trouver tirés du plus affreux joug séculaire et qui, grâce à nous, et grâce à eux d’abord, vont revivre pour la vraie gloire, celle de la justice et de la liberté. (Applaudissements prolongés.)
Je ne parle pas des États-Unis d’Amérique, qui étaient de vieux amis : lorsqu’ils sont venus sur notre territoire, nous nous connaissions déjà, nous n’avons fait que nous retrouver. (Nouveaux et vifs applaudissements.)
Il faut que l’alliance dans la guerre soit suivie de l’indéfectible alliance dans la paix. (MM. les députés se lèvent et applaudissent longuement.)
Les peuples sont arrivés à comprendre qu’ils étaient tous solidaires.
Quelques voix à l’extrême gauche. — Oui, tous ! (Bruit.)
M. Raffin-Dugens. — Comme les capitalistes étaient solidaires avant la guerre ! (Mouvements divers.)
M. le président du Conseil. — Les égoïsmes nationaux pourront s’atténuer, ils demeureront toujours le fond de l’humanité que ni moi, ni aucun Parlement, ni aucun régime, ni personne ne pourra jamais changer.
Mais, permettez-moi de le dire, ce qu’il faudra, avant tout, désormais, c’est réaliser la solidarité française. (Vifs applaudissements.)
Comme nous nous sommes bien haïs, bien exécrés, querellés, injuriés les uns les autres ! Et comme nous avons été heureux de nous retrouver de vrais amis en ces jours terribles ! (Applaudissements répétés.)
C’est la grande consolation qui, à travers d’indicibles souffrances, nous a fait tout supporter pour la patrie commune ! À droite, à gauche, au centre, il n’y avait plus que des Français. (Vifs applaudissements.)
Messieurs, il faut que cela demeure. (Applaudissements prolongés.)
Sur divers bancs du parti socialiste. — Abandonnez-vous votre idéal ?
M. le président du Conseil. — Quelle question ! Comment pouvez-vous en douter ! Croyez-vous que j’abandonnerais mon idéal ? Et si je ne l’abandonne pas, comment pourrais-je vous inviter à abandonner le vôtre ? C’est votre gloire, c’est la nôtre à tous. C’est parce que nous sommes un pays d’idéal et que nous avons eu à payer de tant de souffrances nos querelles, que nous sommes arrivés quelquefois à obtenir ce titre de conducteurs de l’humanité. (Applaudissements.)
M. Pierre Renaudel. — C’est pour cela que nous sommes tous les jours accablés sous les injures !
M. le président du Conseil. — Il ne faut pas que l’étranger, qui, avant la guerre, avait peut-être appris à nous estimer d’une façon insuffisante, arrive à penser qu’il nous avait bien jugés. Non ! Il faut être nous-mêmes. (Très bien ! Très bien !)
Tout ce que nous voulons, nous continuerons de le vouloir. Tout ce que nous cherchons, nous continuerons de le chercher.
Mais l’homme n’est pas infaillible et les partis, d’un côté ou de l’autre, qui s’arrogent le droit d’infaillibilité, conduiront les peuples qui les auront trop écoutés, à reconnaître un jour le danger d’avoir suivi aveuglément les pasteurs dont la connaissance universelle n’était pas à la hauteur de ce qu’ils ont pu croire. (Applaudissements.)
Il nous faut la solidarité nationale. Nous avons voulu faire la République et nous l’avons faite. (Applaudissements.) Nous l’avons faite dans la paix et nous l’avons gardée dans la guerre et elle nous a sauvés dans la guerre. (Vifs applaudissements et acclamations.)
Nous avons gagné la guerre. Nous attendrons peut-être la paix que nous voulons quelque temps encore. Mais la destinée a désormais fixé pour un temps indéfini non seulement la fortune de la France, mais la fortune des pays qui sont dignes de la liberté. (Applaudissements.)
Soyons unis ! Maintenons nos querelles d’idées, mais qu’elles s’arrêtent quand l’intérêt de la patrie serait en danger ! (Vifs applaudissements.)
Je ne vise aucun but politique et je ne veux défendre ici aucun intérêt personnel : j’aspire simplement au jour où, grâce aux circonstances, vous serez débarrassés de moi. (Protestations et acclamations sur de nombreux bancs.)
Laissez-le-moi le dire ici : vraiment il faut être humanitaire, mais il faut être Français d’abord. (Vifs applaudissements.) Il faut être Français, parce que la France représente une conception d’idéalisme, d’humanité qui est celle qui a prévalu dans le monde (Applaudissements) et parce qu’on ne peut pas servir l’humanité aux dépens de la France. (Vifs applaudissements unanimes.)
Je vous demande pardon d’être resté à cette tribune plus longtemps que je ne voulais. (Parlez ! Parlez !) Le moment est venu où l’aurore de la grande et magnifique victoire se lève, le moment où nos pensées se tournent vers un but d’union et de fraternité. C’est bientôt fait d’écrire les noms sur les murs, mais il faut vivre ces beaux préceptes.
Voilà ce que je voudrais vous demander, et si l’on veut savoir qui l’a exigé de nous, vous direz que c’est la patrie elle-même. En cette grande croisade humanitaire, vous ne serez pas seuls, car, tous, nous avons supporté notre part de combat. Aussi, à la fin de cette croisade, je voudrais que, modifiant un peu la formule de nos aïeux, nous nous promettions d’être frères, au sens véritable du mot, et que, si l’on nous demande qui nous a inspiré cette pensée, nous répondions : « La France le veut ! La France le veut ! » (Applaudissements répétés et prolongés. — MM. les députés se lèvent. — En regagnant le banc des ministres, M. le président du Conseil reçoit de nombreuses félicitations).
Journal officiel de la République française. Débats parlementaires. Chambre des députés, séance du mardi 5 novembre 1918, pp. 2875-2878.
Le texte dans la bibliothèque numérique Gallica
GALLICA – BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE
Une réunion du Conseil supérieur de la guerre au Trianon Palace (1er novembre 1918)
Les conférences interalliées de Paris et Versailles se tiennent du 29 octobre au 4 novembre 1918. La photo ci-après, datée du 1er novembre, montre l’une des réunion du Conseil supérieur de la guerre, au Trianon Palace. À droite : Foch, Pichon, Clemenceau, Lloyd George. La Contemporaine, ex-BDCI.
« Trianon Palace. Délibération du Comité interallié sur les conditions de l’armistice. Versailles. 1er novembre 1918. » Albums Valois.
L’ARGONNAUTE, LA CONTEMPORAIRE, EX-BDIC
La figure de Clemenceau dans la presse en octobre 1918
Un dessin en couleurs de Sem dans Le Journal du 6 octobre
Sem, « Le Père la Victoire », Le Journal, 6 octobre 1918.
Un dessin de H.-P. Gassier dans Le Populaire du 12 octobre
Le dessinateur caricature la politique de guerre de Clemenceau. Le Populaire est le journal de l’ex-minorité socialiste.
H.-P. Gassier, « Les plusqu’auboutistes — Hardi les gars ! On les aura les oliviers ! » Le Populaire , 12 octobre 1918.