La mise en œuvre du projet républicain (1870-1914)
II. La consolidation de la République (1879-1898)
A. Le renforcement des institutions républicaines
1. La « constitution Grévy »
2. Les révisions constitutionnelles de 1879 et 1884
3. La garantie des libertés républicaines
B. La construction d’une culture républicaine
1. Une symbolique républicaine
2. Une école publique
3. Des célébrations communes
C. Le reclassement des forces politiques
1. L’esprit nouveau
2. Le mouvement ouvrier
3. L’agitation nationaliste
II. La consolidation de la République (1879-1898)
Installés à la présidence de la République et majoritaires dans les deux chambres, les républicains s’emploient à républicaniser le régime et lui attribuent une symbolique qui trouve son origine dans la Révolution française et la IIe République, mais le reclassement des forces politiques modifie les conditions d’exercice du pouvoir.
A. Le renforcement des institutions républicaines
1. La « constitution Grévy »
Dans son message aux deux chambres du 6 février 1879, le président Grévy donne de la Constitution une lecture strictement parlementaire appelée « Constitution Grévy ». Hostile à la fonction présidentielle en 1848, il entend se soumettre à la « grande loi du régime parlementaire » et n’entrer « jamais en lutte contre la volonté nationale exprimée par ses organes constitutionnels ».
La fonction présidentielle est durablement affaiblie : les présidents de la IIIe République renoncent de fait au droit de dissolution. Le chef du gouvernement, appelé président du Conseil depuis 1876, devient le véritable chef de l’exécutif. Nommé par le président de la République, il choisit lui-même les ministres qui composent son gouvernement.
La Chambre des députés, seule élue au suffrage universel direct, est désormais prépondérante : elle incarne la volonté nationale, dispose du pouvoir législatif et contrôle le gouvernement. Pour gouverner, le président du Conseil doit disposer d’une majorité parlementaire ; s’il perd la confiance de la Chambre, il doit démissionner.
Les majorités parlementaires restent assez fragiles : ce sont des majorités de coalition qui réunissent plusieurs forces politiques, lesquelles ne constituent pas de véritables partis politiques organisés et disciplinés. Elles sont dominées par les républicains modérés, ou « opportunistes », mais comprennent aussi, selon l’orientation politique des gouvernements, ou bien des radicaux (concentration républicaine), ou bien des conservateurs ralliés à la République (conjonction des centres).
2. Les révisions constitutionnelles de 1879 et 1884
La révision constitutionnelle de 1879 abroge l’article 9 de la loi constitutionnelle du 25 février 1875 qui fixait à Versailles le siège du pouvoir exécutif et des deux chambres. Il est fixé par la loi à Paris, au Palais-Bourbon pour la Chambre des députés et au palais du Luxembourg pour le Sénat. Le 2 novembre 1879, la rentrée parlementaire s’effectue dans la capitale.
La révision constitutionnelle de 1884 renforce le caractère républicain du régime. Elle interdit toute révision de la Constitution qui affecterait la « forme républicaine » du régime et déclare inéligibles à la présidence de la République les « membres des familles ayant régné sur la France ». La révision autorise en outre la suppression des soixante-quinze sénateurs inamovibles établis en 1875 et la redistribution des sièges entre les départements les plus peuplés, mais elle conserve le Sénat et son élection au suffrage indirect dont les radicaux souhaitaient la suppression. La révision affirme enfin la laïcité de l’État en supprimant les prières publiques prescrites pour la rentrée des chambres par la Constitution de 1875, mais le concordat de 1801 reste en vigueur jusqu’en 1905, date de la séparation de l’Église et de l’État.
3. La garantie des libertés républicaines
Victimes de la répression sous les régimes antérieurs, les républicains adoptent une série de lois propres à garantir les libertés publiques fondamentales, à commencer par la libre expression des idées. La loi sur les « cafés, cabarets et débits de boissons » autorise leur ouverture sur simple déclaration, sans autorisation préalable (17 juillet 1880). La loi du 30 juin 1881 reconnaît la liberté de réunion, celle du 29 juillet 1881, la liberté de presse. Reconnue par la loi du 21 mars 1884, la liberté syndicale autorise l’organisation et la défense collective des travailleurs.
La liberté municipale favorise la démocratie locale. La loi du 28 mars 1882 accorde à tous les conseils municipaux le droit d’élire leur maire, celle du 5 avril 1884, la libre administration des affaires de la commune. Leurs délibérations sont désormais publiques. Paris, administré par l’État, reste privé de maire.
Une première laïcisation détache l’État et la société de l’Église catholique. Le repos dominical obligatoire établi sous la Restauration est supprimé (loi du 2 juillet 1880). Les congrégations religieuses sont expressément soumises à une autorisation du gouvernement et l’ordre non autorisé des Jésuites — ou société de Jésus — est dissout (décrets du 29 mars 1880). Les cimetières sont déconfessionnalisés (loi du 14 novembre 1881) et la liberté des funérailles est garantie (15 novembre 1887). Le droit au divorce, reconnu en 1792, mais supprimé sous la Restauration, est rétabli (loi du 27 juillet 1884) : le mariage civil, qui peut être rompu, se distingue du sacrement dispensé par l’Église catholique, lequel est réputé indissoluble.
B. La construction d’une culture républicaine
1. Une symbolique républicaine
La IIIe République emprunte sa symbolique à la Révolution française et à la IIe République. En 1878, le député radical de la Seine Alfred Talandier dépose une proposition de loi destinée à rendre à la Marseillaise son « caractère de chant national » conformément à un décret de la Convention du 26 messidor an III, — 14 juillet 1795, ancien style. Le ministre de la Guerre déclare l’année suivante, devant la Chambre des députés, sous les protestations de la droite, qu’il appliquera le décret de 1795 et une circulaire ministérielle du 24 février dispose « que les musiques militaires devront exécuter l’hymne des Marseillais dans toutes les circonstances où elles sont appelées à jouer un air officiel. »
Comment La Marseillaise est-elle devenue l’hymne national de la République française ?
La loi du 6 juillet 1880 fait du 14 Juillet la « fête nationale annuelle », sur la proposition de Benjamin Raspail, député radical de la Seine et fils du révolutionnaire de 1848. Antoine Achard, député radical de Gironde, indique dans son rapport : « Les grands, les glorieux anniversaires ne manquent pas dans notre histoire. Celui qui vous est désigné est mémorable à un double titre ; il rappelle en effet la prise de la Bastille le 14 juillet 1789, et la grande fête de la Fédération qui fut célébrée le 14 juillet 1790. »
La figure de Marianne personnifie la République. Apparue sous la Révolution, l’allégorie civique féminine représente tour à tour la Liberté, la Nation ou la Loi, avant d’incarner la République. Le 22 septembre 1792, la Convention décrète que le sceau des archives de l’État « portera pour type une femme appuyée d’une main sur un faisceau, tenant de l’autre main une lance surmontée du bonnet de la liberté ». Par un arrêté du 8 septembre 1848, la IIe République adopte un sceau portant « la figure de la Liberté » et en délivre le modèle le 17 octobre. Par un décret du 25 septembre 1870, le gouvernement de la Défense nationale reprend le sceau de la IIe République. Le nom de Marianne, pour désigner l’allégorie, se généralise après 1870.
Deux figures différentes cohabitent néanmoins depuis 1848 ; celle de la République modérée, une figure maternelle, assise ou debout, mais immobile et désarmée, le sein couvert, les cheveux attachés ; celle de la République radicale, une figure juvénile, debout, armée et en mouvement, le sein découvert, les cheveux détachés, coiffée d’un bonnet phrygien de couleur rouge. Dans les années 1880, la première l’emporte dans les représentations officielles, mais sans exclure la seconde.
La figure allégorique de la République selon Louis Desnoyers dans Le Siècle du 10 août 1849
La devise républicaine trouve ses origines dans la Révolution. Formellement adoptée par le gouvernement provisoire de 1848 dans une déclaration du 26 février et inscrite au revers du sceau, elle est reprise par le gouvernement de la Défense nationale en 1870 et conservée par l’Assemblée nationale, en raison de son « caractère d’innocuité », malgré « l’usage mensonger et perfide qui en a été fait en certaines circonstances ».
2. Une école publique
La IIIe République établit une école républicaine, par une série de lois scolaires (1879-1886) et lui assigne trois objectifs : consolider l’attachement à la République, l’unité nationale et le sentiment patriotique, jugés indissociables ; promouvoir la liberté de conscience et le libre exercice de sa raison en réduisant l’influence de l’Église ; favoriser la mobilité sociale au détriment des hiérarchies traditionnelles.
L’enseignement primaire est gratuit, obligatoire et laïque : obligation faite à chaque département de créer une école normale d’instituteurs et une école normale d’institutrices (loi du 9 août 1879), gratuité absolue de l’enseignement primaire dans les écoles publiques (loi du 16 juin 1881), scolarité obligatoire pour les enfants des deux sexes âgés de 6 à 13 ans, suppression de toute instruction religieuse à caractère confessionnel dans les écoles publiques, mais instruction morale et civique (loi du 28 mars 1882), laïcisation du personnel enseignant des écoles publiques (loi du 30 octobre 1886).
L’école contribue à la formation du sentiment national : le « roman national » qui célèbre la grandeur de la France et fait de la République l’aboutissement d’une histoire nationale millénaire, la forme régulière du territoire français, comparé à un hexagone, et sa situation favorable, le deuil des provinces perdues et la « ligne bleue des Vosges », l’idée selon laquelle la Révolution et la République possèdent une valeur universelle et constituent un exemple pour le monde.
3. Des célébrations communes
Les municipalités modifient la dénomination des rues et des places et érigent des monuments. À Paris, en 1879, le conseil municipal décide d’ouvrir un concours pour l’érection d’une statue monumentale de la République sur la place du Château-d’Eau, renommée place de la République. Le jury opte l’année suivante pour le projet de Léopold Morice, de facture classique, mais recommande à la municipalité de faire exécuter celui de Jules Dalou, plus novateur, sur une autre place de Paris. Les deux monuments font l’objet de deux inaugurations successives, le premier en 1880 et 1883, le second sur la place de la Nation, ex-place du Trône, en 1889 et 1899.
La culture républicaine se manifeste lors des fêtes ou cérémonies officielles. La fête du 30 juin 1878, après la crise du 16 Mai, témoigne de l’attachement des Parisiens à la République. Le second des deux tableaux peints ce jour-là par Monet — La rue Montorgueil et La rue Saint-Denis — porte les deux inscriptions suivantes : « Vive la France » et « Vive la Rép… » La première célébration du 14 juillet, après la démission de Mac Mahon, célèbre la victoire de la République. À la demande du gouvernement, dans La Fête du 14 Juillet, Alfred-Philippe Roll décrit la fête populaire sur la place de République, après la première inauguration de la statue de Léopold Morice.
Les funérailles de Gambetta et de Victor Hugo — morts les 31 décembre 1882 et 22 mai 1885 —, après celles de Thiers en 1877, sont aussi des manifestations républicaines. Les premières se tiennent à Paris le 6 janvier 1883, avant l’inhumation du défunt, à Nice, le 13. Pour recevoir le cercueil, le Palais-Bourbon est drapé de noir, comme la statue de Strasbourg, place de la Concorde. Des centaines de milliers de personnes défilent devant le catafalque, les 4 et 5 janvier, ou suivent le char funèbre, du Palais-Bourbon au cimetière du Père-Lachaise, le jour des obsèques. Après la mort de Victor Hugo, les chambres adoptent une loi qui lui donne des obsèques nationales. Le président Grévy prend deux décrets, le premier rend le Panthéon à sa « destination primitive et légale » et le second décide d’y déposer le corps de Victor Hugo. Le conseil municipal de Paris donne son nom à l’avenue d’Eylau, de la place du même nom au rond-point de l’Étoile. Au matin du 31 mai, le cercueil est conduit de la maison mortuaire à l’Arc de Triomphe où il est placé, à l’abri de l’arche, sur un immense catafalque. Après une ultime veillée funèbre, il est porté le lendemain au Panthéon, dans le corbillard des pauvres. Le cortège se compose de onze chars, chargés de couronnes de fleurs et ornés chacun de six drapeaux, et réunit près de deux millions de personnes.
C. Le reclassement des forces politiques
1. L’esprit nouveau
Les républicains modérés — ou « opportunistes » —, contrairement aux radicaux, ne sont pas favorables à une séparation précipitée de l’Église et de l’État. Jules Ferry est certes « positiviste », mais il entend éviter toute provocation puisque la population reste en majorité catholique même si elle est favorable à la République. Le concordat de 1801 est en outre un moyen de contrôler l’Église. Le pape Léon XIII (1878-1903) adopte lui-même une attitude prudente sinon conciliante qui tranche avec l’attitude réactionnaire de son prédécesseur Pie IX (1846-1878). Il y trouve même un avantage : alors que l’expansion britannique favorise l’essor des missions protestantes, la politique coloniale de Jules Ferry renforce les congrégations françaises, or elles sont catholiques. Après le vote des premières lois de laïcisation, les républicains modérés écartent toute idée de séparation et plaident pour une pacification religieuse propice au ralliement des catholiques les moins intransigeants.
Le « toast d’Alger » témoigne des intentions d’une partie de la hiérarchie catholique. Le 12 novembre 1890, le cardinal Lavigerie, archevêque d’Alger, reçoit l’état-major de l’escadre de la Méditerranée, se déclare prêt à accepter la République et fait jouer la Marseillaise. Deux ans plus tard (16 février 1892), dans une encyclique publiée en français — Au milieu des sollicitudes —, le pape Léon XIII invite de la même façon les catholiques à accepter le régime : il distingue le régime dont il faut s’accommoder et les lois anti-chrétiennes qui doivent être condamnées. Le ralliement à la République permettrait de les combattre plus facilement. Les catholiques français restent divisés sur l’opportunité ou la légitimité du « ralliement » : aux élections de 1893, les conservateurs intransigeants obtiennent un plus grand nombre de sièges que les « ralliés » (56 sièges contre 32).
À partir de 1893, les gouvernements recherchent l’apaisement et se réclament d’un esprit nouveau : ils s’appuient à la Chambre sur des majorités recentrées qui incluent une partie de la droite. Formé en 1896, le cabinet Méline se maintient au pouvoir pendant plus de deux ans.
2. Le mouvement ouvrier
Favorables à la République en 1870 comme en 1848, les ouvriers s’en éloignent après la répression du soulèvement de juin 1848 et de la Commune en 1871 et restent méfiants devant la République parlementaire, faute de réformes sociales propres à améliorer leurs conditions de travail et de vie. La fusillade de Fourmies en 1891 témoigne de ce divorce : l’armée ouvre le feu sur des ouvriers qui manifestent en faveur de la journée de huit heures ; neuf morts, plusieurs dizaines de blessés.
Affaibli dans les années 1870 par l’écrasement de la Commune, le mouvement ouvrier renaît au tournant des années 1880. Un premier congrès ouvrier de France se tient à Paris en octobre 1876, puis un second, à Lyon, en janvier-février 1878. Le troisième se réunit à Marseille en octobre 1879. Il s’intitule « congrès ouvrier socialiste », se rallie au collectivisme et constitue une organisation de classe, la Fédération du parti des travailleurs socialistes de France. Le mouvement manque cependant d’unité et connaît une série de scissions. Les guesdistes du Parti ouvrier français se réfèrent au marxisme, les blanquistes du Comité révolutionnaire central au jacobinisme, les broussistes — ou possibilistes — acceptent le réformiste et plaident pour l’action municipale, les allemanistes se défient de l’action électorale et défendent l’autonomie de l’action ouvrière. Des socialistes indépendants, comme Millerand ou Jaurès, se tiennent en marge de ces différents courants organisés.
En dépit de leurs divisions, les socialistes remportent une victoire lors des élections législatives des 20 août et 3 septembre 1893 puisqu’ils passent d’une douzaine à une cinquantaine de sièges. À la Chambre, le 21 novembre 1893, Jaurès s’adresse aux républicains modérés qui gouvernent la République depuis la crise du 16 Mai. Il présente la construction républicaine comme une émancipation politique, intellectuelle et morale, mais déplore que l’émancipation soit incomplète puisque le salariat maintient l’ouvrier dans la servitude. « Vous avez interrompu la vieille chanson qui berçait la misère humaine, déclare-t-il, et la misère humaine s’est réveillée avec des cris, elle s’est dressée devant vous, et elle réclame aujourd’hui sa place, sa large place au soleil du monde naturel, le seul que vous n’ayez point pâli. » À l’émancipation politique, intellectuelle et morale doit s’ajouter, selon Jaurès, une émancipation économique et sociale que seule le socialisme peut apporter.
3. L’agitation nationaliste
Le général Boulanger acquiert une grande popularité lors de son passage au ministère de la Guerre (1886-1887) et prend la tête d’un mouvement qui finit par menacer la République. Il emprunte une partie de ses thèmes de campagne à la gauche et parvient à rassembler les déçus de la République opportuniste : les partisans d’une revanche sur l’Allemagne, les opposants à la Constitution « orléaniste » de 1875, une partie des ouvriers dont les revendications restent insatisfaites. Il reçoit néanmoins le soutien de la droite conservatrice (légitimistes, orléanistes, bonapartistes) qui voit en lui un moyen d’abattre la République. Mis à la retraite en 1888, il se présente à une série d’élections partielles, avec pour mot d’ordre : « Dissolution, révision, Constituante ». De ces victoires électorales, il fait un plébiscite sur sa personne, mais renonce au coup d’État, le 27 janvier 1889, au soir de son élection à Paris. Menacé de poursuites judiciaires, il s’enfuit en Belgique, le 1er avril 1889. Lors des élections de 22 septembre et 6 octobre 1889, les républicains l’emportent sur les boulangistes — ou révisionnistes.
Le scandale de Panama relance l’agitation antiparlementaire. Les nationalistes s’appuient alors sur l’antisémitisme pour dénoncer une collusion entre le personnel politique et le milieu des affaires. La Compagnie du canal de Panama, fondée en 1879, est mise en liquidation judiciaire en 1889, ce qui entraîne la ruine d’un grand nombre de petits souscripteurs. Trois ans plus tard, le journal antisémite La Libre Parole puis le journal boulangiste La Cocarde se lancent dans une campagne de presse qui dénonce la corruption d’un certain nombre de députés par la compagnie avant sa mise en liquidation.
L’arrestation du capitaine Dreyfus, le 15 octobre 1894, apporte à la presse nationaliste la matière d’une nouvelle campagne. Sous le titre « Une question », La Libre Parole évoque une arrestation pour espionnage le 29 octobre et se demande pourquoi l’autorité militaire garde le silence. Elle donne le nom d’Alfred Dreyfus, sur six colonnes à la une, le 1er novembre. Son supplément illustré du 10 novembre s’ouvre par un dessin ouvertement antisémite avec la légende suivante : « À propos de Judas Dreyfus. — Français, voilà huit années que je vous le répète chaque jour !!! ». Elle crée de la sorte, avant même le procès, des conditions propices à la condamnation, puisqu’elle balaie toute présomption d’innocence.